Israël - Palestine - l'accord de Charm-el-Cheikh : Les tout petits pas de Barak10/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1626.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël - Palestine - l'accord de Charm-el-Cheikh : Les tout petits pas de Barak

A en croire nombre de commentateurs qui, en la circonstance, exprimaient la satisfaction des principaux représentants du monde occidental et des pays arabes dits " modérés ", les accords qui viennent d'être signés à Charm el Cheikh entre le gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne ouvriraient une voie menant à la paix entre les deux peuples.

Ehoud Barak, le Premier ministre d'Israël, serait ainsi fidèle à ses engagements électoraux, tandis qu'Arafat, toujours prompt à apposer sa signature au bas d'un règlement lui accordant quelques menus avantages, ferait pour sa part la démonstration que patience et concessions finissent toujours par amener un petit plus. A ce rythme, il faudrait pourtant bien plus d'un siècle pour que les Palestiniens récupèrent les territoires occupés par Israël après la guerre de 1967, à la condition, d'ailleurs bien peu probable, que les dirigeants israéliens aillent, de mini-retraits en mini-retraits, jusqu'à rétrocéder toutes ces terres.

En fait d'avancées dans le prétendu " processus de paix ", Barak n'a fait qu'accepter ce qui avait déjà été promis - mais non tenu - par son prédécesseur, Nétanyahou. Pas un centimètre carré de territoire supplémentaire n'a été accordé aux Palestiniens au terme du récent accord. Pour quelqu'un qui dit vouloir retrouver le chemin de la paix, c'est bien peu !

Certes, comparée à la politique d'un Nétanyahou, on peut toujours estimer que celle mise en oeuvre par Barak est un progrès ; que Barak n'a pas le culot de Nétanyahou justement qui, malgré bien des promesses, n'avait finalement rétrocédé que 4 % des territoires à l'Autorité palestinienne dont 2 % avaient aussitôt été transformés en " réserve naturelle ", ce qui interdisait aux Palestiniens de s'y installer. Mais force est de constater que les prétendues nouvelles avancées israéliennes s'apparentent à un morcellement des concessions, et ce d'autant plus que la majeure partie des territoires redonnés aux Palestiniens restent sous le contrôle militaire d'Israël.

La Cisjordanie est aujourd'hui divisée en trois zones dont la plus petite, et de loin, est intégralement contrôlée par les Palestiniens. Eh bien, les accords de Charm el Cheikh n'ont fait que changer le statut de 10 % de la Cisjordanie, les faisant passer du contrôle total d'Israël à une administration palestinienne, mais où la sécurité est encore aux mains d'Israël. Au terme des trois mouvements de retrait prévus, moins de 6 % supplémentaires de la Cisjordanie devraient passer sous contrôle total des Palestiniens.

Et il en est de même pour le problème des prisonniers politiques palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. Nétanyahou s'était engagé à en libérer 750. Marchant allégrement sur sa promesse, il n'en libéra que 250 dont 150 prisonniers de droit commun. Là encore, Barak n'a même pas honoré la parole de son prédécesseur puisqu'il n'a accepté de libérer que 350 prisonniers. Et puis, rien n'a été décidé pour ce qui concerne l'avenir des colonies de peuplement juives, de Jérusalem ou du retour des réfugiés dont beaucoup, dispersés dans plusieurs pays de la région, vivent encore dans des camps.

C'est dire qu'au sortir des pourparlers de Charm el Cheikh, la situation de la population palestinienne ne s'en trouve pas changée, même dans le seul domaine du recouvrement de ses droits nationaux. Avec des méthodes pour l'heure différentes de celles de l'homme de droite Nétanyahou, le travailliste Barak continue en fait une politique de force à l'égard des Palestiniens, ne leur accordant à doses homéopathiques qu'une infime partie de leurs droits.

Depuis plus d'un demi-siècle, de guerres ouvertes en guerres larvées, avec en Israël des gouvernements de droite ou de gauche, cette région du monde n'a pas connu la paix. Et ce ne fut pas seulement la jeunesse israélienne qui fut marquée et parfois sacrifiée, mais certainement bien plus qu'elle encore plusieurs générations de Palestiniens.

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