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Leur société
Police : la ritournelle sécuritaire ne protège personne
Suite à l’agression de deux policiers à Herblay, dans le Val-d’Oise, et à l’attaque contre un commissariat de Champigny-sur-Marne, dans le Val-de-Marne, on a encore vu des policiers manifester pour réclamer plus de moyens et un durcissement des sanctions.
L’occasion était bonne pour les spécialistes de l’exploitation de ce genre de situation. Le Pen a, comme d’habitude, attaqué le gouvernement pour son supposé « laxisme ». Le ministre Darmanin est monté sur ses grands chevaux en dénonçant dans ces propos une « ignoble » instrumentalisation de la souffrance des policiers. Il fait pourtant exactement la même chose. Chaque fois que des policiers sont visés, il entonne son discours sécuritaire, en promettant de nouvelles mesures, puis de nouvelles mesures encore et de nouvelles sanctions. L’interdiction de la vente de mortiers d’artifices sur Internet est la dernière de ces annonces ridicules. Mais Darmanin, pas plus que ses prédécesseurs et que ses concurrents, n’a le moyen de mettre fin à cette situation.
La violence contre les policiers, si tant est qu’elle augmente réellement, est un reflet de la montée de la violence dans la société. La violence, les incivilités dont les premières victimes sont les habitants des quartiers pauvres, sont un signe du désarroi d’une partie d’entre eux et notamment d’une fraction croissante de la jeunesse. L’individualisme, la débrouille, la délinquance comme mode de vie grandissent dans le contexte de la crise, sur fond de recul des organisations ouvrières et des associations de solidarité. Aucune mesure policière ne peut endiguer cette désagrégation sociale.
Les policiers envoyés en première ligne pour contrer ces phénomènes en deviennent une composante par leurs attitudes brutales, haineuses, racistes vis-à-vis des habitants des quartiers populaires, spécialement les jeunes. Ils la subissent eux-mêmes aussi comme tous les salariés de l’État et par l’intermédiaire de leurs familles et de leur milieu social, populaire lui aussi. Dans cette situation Darmanin n’a que des promesses à leur proposer en même temps qu’il cherche à garder la main.
Darmanin, d’incidents en agressions, surenchérit donc contre la violence qui frappe les policiers, s’aligne sur leurs représentants les plus corporatistes et réactionnaires, pour tenter de garder son crédit de ministre de l’Intérieur et de chef de la police. Car, même si elle ne les paye qu’avec des promesses politiciennes, la classe dominante a besoin de forces à sa disposition. Ces « forces de l’ordre » tant vantées sont en effet avant tout les forces de son ordre social, celui du grand patronat, de l’exploitation au travail et des millions de chômeurs. Méprisés par les classes dirigeantes, les policiers n’en restent pas moins leurs mercenaires indispensables.