Hongkong : la jeunesse en première ligne04/09/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/09/2666.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Hongkong : la jeunesse en première ligne

La chef de l’exécutif hongkongais, Carrie Lam, a annoncé le 4 septembre que le projet de loi sur les extraditions de suspects vers la Chine allait être retiré. Ce texte était à l’origine de la mobilisation qui dure depuis plusieurs mois mais il n’est pas dit que ce retrait suffise à mettre fin au mouvement dont les revendications se sont élargies au fil des manifestations.

Celles-ci avaient pris un tour particulièrement violent le week-end du 31 août et 1er septembre, avec des affrontements entre jeunes manifestants et policiers. La veille, Carrie Lam avait fait arrêter trois députés et des anciens dirigeants du mouvement dit des parapluies, une contestation débutée le 31 août 2014, pour obtenir l’élection du Parlement local au suffrage universel. À l’occasion de cet anniversaire, elle a interdit toute manifestation politique. Équipés de casques, masques à gaz, cagoules mais aussi de barres de fer et de cocktails Molotov, dressant des barricades dans les rues huppées de la ville, des milliers de jeunes hongkongais se sont affrontés à la police. Celle-ci a usé de canons à eau additionnée d’un marqueur indélébile. Des images de policiers frappant à terre des usagers du métro envahi par les manifestants ont choqué. Plus de 900 manifestants ont été arrêtés depuis le 15 juin.

Lundi 2 septembre, jour de rentrée scolaire et universitaire, un appel au boycott des cours était lancé tandis que des chaînes humaines se formaient devant des établissements scolaires. Les jeunes manifestants interviewés expriment leur détermination. Outre le rejet de la tutelle chinoise, ils évoquent leur avenir bouché faute d’emplois, l’impossibilité de se loger décemment.

Si la contestation semble toujours être populaire, les représailles contre les travailleurs qui ont fait grève, dans les transports publics, au sein de la compagnie aérienne Cathay Pacific ou encore parmi les 250 000 employés des banques ou des assurances, pèsent lourd. Le PDG de Cathay Pacific a dû démissionner pour avoir laissé les employés faire grève. Le gouvernement chinois a exigé la liste de tous les grévistes, désormais interdits de vol en Chine.

Jusque-là plutôt silencieux, les patrons des grandes sociétés hongkongaises, britanniques ou chinoises, qui dirigent réellement Hongkong, multiplient les menaces contre leurs salariés qui participeraient aux manifestations ou feraient grève. De leur côté, les dirigeants occidentaux, y compris Trump qui ne rate pourtant jamais une occasion de critiquer Xi ­Jiping, se contentent d’appels à « éviter les violences » ou à réprimer mais « avec humanité »… Le Medef a reçu l’ambassadeur de Chine à son université d’été mais sans parler de Hongkong.

Car cette crise qui dure depuis trois mois, en pleine guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, a fait chuter le tourisme de luxe. Elle a des effets visibles sur les transactions de la place financière mondiale qu’est Hongkong.

La jeunesse de Hongkong ne trouvera aucun soutien du côté de Trump, Johnson ou Macron, qui sont tout à fait prêts à faire des discours sur la démocratie, mais se préoccupent surtout de préserver les affaires et les profits des grandes entreprises dans la région.

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