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Leur société
Macron-Philippe : vite élus, vite usés
Lundi 6 mai, le Premier ministre a réuni à Matignon plusieurs dizaines de représentants de ce qu’il est convenu d’appeler les corps intermédiaires. Responsables syndicaux, représentants d’associations, délégués des maires et des territoires étaient ainsi conviés pour entendre Édouard Philippe parler, au nom du président Macron, de sa « nouvelle méthode ».
Quelques heures après, sur le perron et devant les caméras, on apprenait sans surprise qu’absolument rien n’avait été décidé sur quoi que ce soit. Malgré tout, ces corps intermédiaires, souriants et détendus, étaient charmés de la réception. Le plus dithyrambique était naturellement l’éternel ravi du pouvoir, Laurent Berger de la CFDT, qui déclarait : « Il y a un changement de méthode, il est clair, il est net. » Bernadette Soubirou n’avait pas dit mieux après l’apparition dans la grotte.
Il n’y a aucun changement sur le fond. Le gouvernement entend bien poursuivre sa politique : réduction continue des salaires, des emplois, des indemnités, des dépenses en équipements collectifs utiles à la population ; augmentation continue des versements faits au grand capital avec l’argent ainsi volé aux travailleurs.
Le seul changement est que le gouvernement accepte aujourd’hui de faire une place sur la photo aux chefs syndicaux, aux responsables associatifs et autres. Il leur promet même une multiplication des réunions puisque les discussions se prolongeront dans les départements. De plus, la mode étant ce qu’elle est, Philippe associe désormais les associations écologistes à ces débats sans conséquences.
Cette assemblée n’a abordé aucun sujet concret, et même aucun sujet du tout, son seul but étant manifestement d’exister pour la photo à l’approche du scrutin du 26 mai. Ce sera en effet le premier test électoral depuis l’élection de Macron et de sa majorité. Pour continuer sa politique antiouvrière avec un semblant de légitimité, l’équipe gouvernementale voudrait bien en sortir avec une première place. Macron et Philippe battent donc le rappel et demandent fermement aux ministres de s’engager personnellement. Ils mettent l’écologie décorative au menu de tous leurs discours. Et, finalement, ils en reviennent aux méthodes éprouvées : flatter les notables, nourrir les corps intermédiaires, pour appâter le corps électoral. Tout cela s’accompagne bien entendu d’une campagne médiatique intense.
Macron avait gagné la présidentielle en profitant du rejet, par les électeurs, des partis usés au service du grand capital. Poursuivant la même politique, il ne lui aura pas fallu deux ans pour susciter le même rejet, y compris parmi ceux qui lui avaient fait confiance. Ainsi l’abstention pourrait encore augmenter dans les quartiers populaires et l’extrême droite pourrait en profiter. Heureusement, Lutte ouvrière est présente pour que ce scrutin ne se limite pas au choix entre les divers ennemis des travailleurs et les multiples variantes inoffensives de la critique sociale.