- Accueil
- Lutte ouvrière n°2649
- France Télécom–Orange : il manque des responsables au procès
Dans les entreprises
France Télécom–Orange : il manque des responsables au procès
Le 6 mai, quelques centaines de militants se sont rendus au tribunal correctionnel de Paris dans le 17e arrondissement, à l’ouverture du procès pour harcèlement moral d’un ex-PDG de France Télécom, Didier Lombard, et de six autres responsables.
À la fin des années 2000, ces dirigeants avaient en trois ans supprimé 22 000 emplois parmi les 120 000 salariés, entraînant une vague de suicides.
France Télécom, l’ancien nom d’Orange, était alors composé à 65 % de fonctionnaires, héritage de l’époque antérieure à sa privatisation par le gouvernement socialiste de Jospin en 1997. Mais cela n’empêcha pas la direction de tailler dans le vif des effectifs. Elle le fit même avec une brutalité particulière. Les mutations forcées étaient devenues monnaie courante, les cadres intermédiaires étaient chargés de répercuter la pression exercée par la direction pour mettre dehors une partie de leur équipe. Nombre de salariés furent poussés à bout.
Entre les premières plaintes en justice et l’ouverture d’une enquête judiciaire, il fallut trois ans, puis sept ans encore jusqu’à l’ouverture du procès, car les dirigeants mis en cause ont multiplié les recours devant la chambre de l’instruction et la Cour de cassation pour tenter d’enterrer l’affaire et se sont défaussé sur la hiérarchie intermédiaire, les managers. Le fait même qu’un tel procès ait finalement lieu est exceptionnel et il peut donc être considéré comme une petite victoire pour les victimes ou leurs proches.
Lors d’une réunion interne de 2006, la direction avait demandé aux cadres de ne plus être dans un discours un peu mou, de mère poule, mais d’être beaucoup plus systématiques pour écrémer les équipes en provoquant les départs « par la fenêtre ou par la porte ». Didier Lombard avait aussi souligné que son plan de licenciements avait pour objectif de faire payer aux salariés les remboursements de la dette de plus de 40 milliards d’euros contractée par France Télécom après l’effondrement de la bulle spéculative dans laquelle s’était engouffrée la société, entre 1997 et 2000.
L’annonce de ce plan avait été saluée en Bourse par une spectaculaire remontée du cours de l’action. Didier Lombard a ainsi « tenu les promesses faites devant les milieux financiers », notent les juges qui ont mené l’instruction de l’affaire. Toutefois, avant même le début de procès, ils ont promis de ne pas discuter des « choix stratégiques de transformation de l’entreprise », mais seulement de « la manière dont la conduite de cette restructuration a été faite ».
Parmi les prévenus ne figurent donc ni les représentants de l’État présents au conseil d’administration, ni les gouvernements successifs qui ont plongé les salariés de France Télécom dans la tourmente, ni les actionnaires privés qui détenaient déjà 85 % des actions de France Télécom et qui continuent de prospérer depuis que France Télécom s’est offert un nouveau nom et un nouveau PDG.