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Dans les entreprises
Uber condamné : non au travail à la tâche
Le 11 janvier, la cour d’appel de Paris a jugé qu’un chauffeur travaillant avec l’application Uber, qui avait décidé de lui retirer l’accès à sa plateforme de réservation, devait être considéré comme un salarié, privé de travail par son employeur, et non comme un travailleur indépendant avec pour partenaire la société de droit néerlandais Uber BV.
Selon Uber, les chauffeurs choisissent la liberté de se connecter ou non et travaillent en toute indépendance. En réalité, dès la connexion, Uber leur donne des directives, les oblige à rester connectés le plus longtemps possible pour obtenir peut-être une course qu’ils ne peuvent choisir librement ; trois refus de leur part et c’est un message comminatoire et dans certains cas la désactivation, c’est-à-dire la privation de travail.
L’indépendance et la liberté de choix prônées par Uber et les autres plateformes sont, pour elles, la liberté d’exploiter avec encore moins de contraintes que dans une entreprise classique. Les moyens techniques sont modernes mais le sort est celui des travailleurs du 19e siècle avec le règne du travail à la tâche.
Reconnaître le statut de salariés à ces travailleurs, c’est leur reconnaître le droit à des congés payés, à une couverture sociale, au paiement des heures supplémentaires, bref au droit de vivre avec un minimum de dignité. Il y a quelque temps, un livreur à vélo des repas de Take Eat Easy a bataillé pour obtenir gain de cause, et d’autres, chez Uber ou ailleurs, s’apprêtent à le faire.
Cette récente condamnation d’Uber et la remise en cause de ce qu’on présente comme le modèle de l’avenir sont un encouragement pour tous ceux qui ont commencé à contester cet esclavage moderne.