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Décès aux Urgences : un manque de personnel organisé de longue date
Suite au décès d’une femme laissée sans soins dans la nuit du 17 au 18 décembre au service des urgences de l’hôpital Lariboisière, situé dans le 10e arrondissement de Paris, une mission d’enquête a été diligentée par l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Elle vient de rendre ses conclusions.
Cette femme de 55 ans avait été amenée aux Urgences par les pompiers en fin d’après-midi pour des maux de tête. Elle avait été retrouvée morte au petit matin dans la zone d’attente, sans avoir été vue par un médecin dans l’intervalle.
D’emblée la mission d’enquête, présidée par le chef du service des urgences de l’hôpital parisien Saint-Antoine, affirme qu’« il n’y a pas de faute individuelle d’un soignant, mais une série de dysfonctionnements ». Il note que le personnel paramédical présent ce soir-là était conforme au planning. Mais il n’était certainement pas en nombre suffisant pour s’occuper de chaque patient, sinon cette femme ne serait pas morte dans un recoin. En fait, les plannings des services hospitaliers n’indiquent pas le personnel nécessaire, ils ne font que refléter le manque de soignants.
Il manque aussi des médecins car les Urgences de Lariboisière sont les plus fréquentées de la région parisienne, avec plus de 85 000 passages par an. Il y faudrait 28 postes de médecins au lieu des 23,5 postes actuels pour que leur nombre soit proportionnellement équivalent à celui des autres services d’urgences de l’AP-HP.
La mission d’enquête révèle aussi un « problème global d’insuffisance de surface » et de nombre de boxes d’examen. Autrement dit : les locaux sont trop petits car ils ont été construits pour 120 passages par jour. Or, ce soir-là, 249 personnes sont venues se faire soigner aux Urgences de Lariboisière. Elle conclut que « les dysfonctionnements s’expliquent notamment par la forte fréquentation, les capacités du service à fonctionner correctement étaient dépassées ce soir-là ».
Tous ces problèmes sont connus depuis longtemps des soignants comme des responsables de l’AP-HP. D’ailleurs, l’été dernier, un mouvement du personnel des Urgences avait protesté contre le manque d’effectifs. À tel point que même la direction de l’AP-HP, qui fait habituellement tout ce qu’elle peut pour réduire le nombre de soignants dans les hôpitaux parisiens, et qui était restée sourde à ce cri d’alarme jusqu’au décès de décembre, a annoncé, il y a quelques jours, des renforts de personnel aux Urgences de Lariboisière.
Pourtant, en décembre, la première réaction de la ministre Agnès Buzyn au décès de cette patiente avait été de déclarer contre toute évidence : « Il ne faut pas forcément mettre ça sur le compte d’un manque de moyens. » Au contraire, tout montre que les moyens manquent dans cet hôpital comme dans d’autres. Mais la tâche de la ministre est précisément d’organiser cette pénurie criminelle et de la justifier.