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Dans le monde
Affaire Ghosn : millions et prison
Carlos Ghosn, PDG de Renault, ex-PDG de Nissan et Mitsubishi, reste en prison au Japon. Le tribunal de district de Tokyo a rejeté sa demande de mise en liberté sous caution, les procureurs invoquant un risque de destruction de preuves.
Sous réserve de nouveaux développements ou d’une intervention diplomatique, Ghosn devra attendre plusieurs mois qu’un procès ait lieu. Mais les preuves sont de notoriété publique et constituent même un affront pour les 450 000 salariés qui produisent les profits de l’alliance des trois constructeurs, dans les usines de 34 pays de tous les continents. Ghosn a été rémunéré, pour l’année 2017, treize millions d’euros soit 915 fois le smic. Et encore, il avait accepté de baisser quelque peu son salaire en comparaison des deux années précédentes !
Outre la minoration de ses revenus déclarés au Japon pendant huit années en tant que PDG de Nissan, outre la couverture de ses pertes personnelles aux dépens de Nissan lors de la crise financière de 2008, Ghosn est maintenant aussi mis en examen pour son rôle – et surtout ses émoluments – dans Nissan Mitsubishi BV. Cette holding a été montée en juin 2017 aux Pays-Bas au nom de l’alliance ; grâce à ce montage, le PDG franco-libano-brésilien aurait, au titre d’un accord secret, obtenu en quelques mois une rémunération de sept millions d’euros. Un autre demi-million serait aussi venu beurrer les épinards d’une de ses proches collaboratrices.
Ce mode de fonctionnement des capitalistes et de leurs capitaines d’industrie, consistant à accumuler des fortunes en sous-payant le travail des salariés, à les investir dans la finance mondiale sans oublier de se servir largement au passage en considérant que les lois et les réglementations sont faites pour être tournées à leur profit, est la norme dans la grande bourgeoisie. Ces PDG milliardaires choisissent d’être imposés là où cela les arrange, en Suisse pour le PDG d’Altice, à Hong-Kong pour celui de Schneider Electrics, et l’optimisation fiscale légale fait le reste. Rien qu’en France, les salaires auto-octroyés par ces messieurs pour 2017 dépassaient cinq millions d’euros, et même dix millions pour cinq d’entre eux dont Ghosn. Même le PDG de Technicolor qui avait affiché quatre ans de suite les mauvais résultats de l’entreprise avait vu son salaire 2017 augmenter de 36 % !
Ce tourbillon de millions, comme ceux des dividendes versés – en partie aux mêmes d’ailleurs – a de quoi faire enrager tous ceux qui en sont à l’origine grâce aux salaires insuffisants, aux suppressions de postes, aux cadences insupportables et au chômage que cette situation voulue entraîne. Une prime « Gilets jaunes » de 500 euros a été annoncée pour fin janvier aux salariés de Renault, ainsi qu’aux travailleurs intérimaires – ce qui n’est que normal. Cela ne réglera évidemment en rien les problèmes récurrents de pouvoir d’achat. L’argent existe, on le voit une fois de plus, dans les coffres des capitalistes : les travailleurs savent où le prendre.