Iran : la population première victime des sanctions08/08/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/08/LO2610.jpg.445x577_q85_box-0%2C9%2C200%2C269_crop_detail.jpg

Dans le monde

Iran : la population première victime des sanctions

Le 7 août ont pris effet les premières sanctions économiques que le président américain Trump a décidées contre l’Iran. Elles ont pour objectif d’asphyxier le régime iranien, auquel Washington reproche de développer une industrie nucléaire, mais en fait surtout de jouer un rôle trop indépendant au Moyen-Orient.

Ces mesures vont empêcher Téhéran d’effectuer des transactions financières internationales, d’importer des matières premières, de faire appel à des constructeurs étrangers dans les secteurs de l’automobile et de l’aviation commerciale. Une seconde vague de sanctions doit frapper les exportations de gaz et de pétrole, qui sont la principale source de devises pour l’Iran.

Au contraire de Trump, les dirigeants des autres États occidentaux ne voulaient pas revenir sur l’accord international de 2015 qui, en levant de précédentes sanctions, avait ouvert à leurs grands groupes un marché de 80 millions d’habitants. D’autant que cet accord autorisant l’Iran à écouler librement son gaz et son pétrole, cet État redevenait solvable, ce qui aiguisait l’appétit des trusts occidentaux.

Certains, tels Renault et PSA, s’étaient précipités pour vendre et même produire des véhicules sur place ; Airbus avait engrangé de grosses commandes ; Total s’était invité dans l’exploitation d’un gisement gazier sur le golfe Persique… Mais comme c’est en dollars que ces groupes commercent dans le monde entier, et que beaucoup opèrent aussi aux États-Unis, ils se retirent maintenant d’Iran, de crainte d’être sanctionnés financièrement et interdits d’activités par Washington.

Trump veut faire plier le régime iranien, et se sert avec le plus grand cynisme de la force de l’impérialisme américain pour imposer ses volontés. Mais, plus largement, ses sanctions se déploient sur fond de bras de fer commercial entre géants mondiaux de la finance et de l’industrie. Certains vont y laisser quelques plumes, les médias d’ici l’ont assez déploré ces jours-ci, même si, vu leurs bénéfices colossaux, cela n’émeut pas grand-monde. Mais on a appris à cette occasion que tel constructeur automobile allait laisser en plan l’usine qu’il venait de construire, et donc sans emploi ses ouvriers. Et puis, depuis l’annonce des sanctions, la monnaie iranienne a perdu les deux tiers de sa valeur. Cela a provoqué une flambée des prix des produits importés, et pas seulement, car des officiels qui contrôlent l’import-export aux trafiquants, aux spéculateurs proches du régime et aux gros commerçants, tous ont voulu protéger leurs revenus.

Depuis fin juillet, cela a débouché sur des manifestations contre la vie chère dans les grandes villes. Pour autant qu’on puisse en juger de loin, le gouvernement serait rendu responsable de la situation, au moins par le milieu commerçant du bazar et par d’autres couches sociales plus ou moins privilégiées.

Le régime en sera-t-il ébranlé ou l’existence des sanctions va-t-elle lui permettre de resserrer les rangs derrière lui ? En tout cas, ce ne sont pas les piliers du régime qui en feront le plus les frais, mais des millions d’Iraniens des classes populaires. Comme travailleurs et comme consommateurs, leur situation risque de devenir de plus en plus dramatique.

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