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Iran : pendant la répression, les affaires continuent
En Iran, le président Rohani et les mollahs s’attaquent à ceux qui ont contesté le régime ces dernières semaines.
Jouant officiellement l’apaisement, Rohani a fait lever le blocage du réseau social Telegram, utilisé par les opposants mais aussi par un ou deux millions d’utilisateurs professionnels, dans le commerce ou la publicité. Le pouvoir judiciaire, lié au guide de la révolution Khamenei affirme avoir arrêté seulement 465 manifestants, dont la plupart auraient été relâchés. Mais un député parle de 3 700 arrestations et des manifestants ont disparu sans que leurs proches ne soient informés. D’autres ont appris le « suicide » en prison de leur fils ou de leur mari. Des militants syndicaux ou politiques récemment libérés de prison ont été réincarcérés. Amnesty international a dénoncé la mort en prison de cinq manifestants à la suite de tortures. Les exécutions par pendaison de condamnés à mort, parfois en pleine rue, se sont poursuivies depuis le 1er janvier. Depuis l’élection de Rohani en 2013, présenté par les médias occidentaux comme un réformateur, ces macabres mises en scènes qui visent à servir d’exemple et à terroriser la population se sont multipliées, avec plus de 1 000 exécutions par exemple pour la seule année 2015.
Rien de tout cela ne gêne les dirigeants occidentaux. Cela doit être « la retenue et l’apaisement » que Macron a recommandés le 2 janvier à Rohani. Quant à Merkel, elle vient de laisser l’ayatollah Shahroudi quitter à la sauvette la clinique de Hanovre, où il était hospitalisé. Pendant vingt ans à la tête de la justice iranienne, Shahroudi a fait exécuter plus de 2 000 personnes, dont des enfants. Profitant de son séjour en Allemagne, les opposants iraniens avaient déposé une plainte pour crimes contre l’humanité. Mais le gouvernement allemand ne voulait visiblement pas froisser le régime iranien.
Il y a en effet d’importants enjeux économiques, Trump ayant retardé d’encore 120 jours la prise de nouvelles sanctions contre l’Iran. Total, Renault, PSA ou Vinci peuvent poursuivre tranquillement leurs affaires en Iran, sans risquer des mesures de rétorsion américaines. Ils continueront de prélever leur part de la manne pétrolière d’un pays qui exporte deux millions de barils par jour et représente un marché de 80 millions d’habitants.
Cependant, pour la population iranienne, la vie chère, le chômage, l’incurie et la corruption des autorités sont toujours là. D’après les informations qui circulent sur Telegram, si les manifestations contre le régime ont cessé, de nombreux travailleurs continuent de réclamer leur salaire. Ainsi les ouvriers de la centrale électrique de Yazd et les chauffeurs des camions-citernes de cette région, les mineurs de charbon de la mine East Alborz, les employés municipaux de Recht, et sans doute bien d’autres, sont mobilisés pour réclamer leurs salaires non versés depuis deux ou trois mois. Parce qu’ils font fonctionner toute l’économie, ces travailleurs représentent une force que le régime ne pourra pas écraser indéfiniment.