Les chibanis, volés après avoir été exploités14/10/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2463.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les chibanis, volés après avoir été exploités

Le gouvernement avait promis dès 2012 de se pencher sur le sort des travailleurs immigrés âgés, dont un grand nombre, faute de moyens, végètent dans des foyers parce qu’ils ne disposent que de petites retraites. Ces travailleurs, qui seraient environ 35 000, appelés chibanis (littéralement : cheveux blancs) sont arrivés en France dans les années 1950. Ils ont travaillé sur les postes les plus durs, n’ont pas toujours été déclarés par leurs employeurs, ont connu le chômage et ne disposent souvent pour vivre que de l’Aspa (l’allocation de solidarité aux personnes âgées). Mais pour en bénéficier, ils doivent justifier d’une présence d’au moins six mois par an en France, sinon ils perdent tous leurs droits, y compris l’assurance-maladie.

N’importe quel retraité français peut partir à l’étranger tout en conservant sa retraite, mais pas les chibanis. Le gouvernement disait vouloir remédier à cette injustice. Le décret d’application qui vient de paraître permet d’en douter. Car s’il accorde aux travailleurs immigrés le droit de résider dans leur pays d’origine toute l’année, c’est à condition de renoncer à une partie de leur minimum vieillesse. Ils percevront à la place une aide qui oscillera entre 50 et 550 euros.

« On est juste en train d’inciter les vieux immigrés à rentrer au pays tout en faisant des économies », a déclaré un membre de l’Association des travailleurs maghrébins en France. Après avoir été complice de l’exploitation de ces travailleurs, l’État s’ingénie encore à les voler.

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