Groupe Chanel : des patrons qui ne connaissent pas la crise14/10/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2463.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Groupe Chanel : des patrons qui ne connaissent pas la crise

Le groupe Chanel a vu cette année son bénéfice net augmenter de 38 %, pour atteindre le chiffre record de 1,44 milliard de dollars. Chanel est détenu par deux frères, Alain et Gérard Wertheimer, qui possèdent respectivement 51 % et 49 % du capital et qui ont créé Chanel International BV, une holding néerlandaise (pays où la publicité financière est encore moins contrôlée qu’en France), chapeautant le groupe de luxe ainsi que 82 filiales. Leur fortune, estimée à plus de 20 milliards de dollars, a quant à elle progressé de 13 % depuis janvier 2014, soit une hausse de 3 milliards de dollars. Les PDG de Chanel ont également de quoi être satisfaits, la valeur de chaque action de leurs stock-options étant passée, entre 2008 et 2012, de 536 à… 1 836 dollars.

Maison en Suisse sur les bords du lac, près de Genève, pour Gérard, propriété aux États-Unis pour Alain, les frères Wertheimer mènent leur vie de grands bourgeois : la chasse dans la propriété familiale en Sologne, les chevaux de course, l’été dans leur haras normand de La Barberie, et des visites chez les Rothschild. Outre ces distractions, dont on ne sait pas si elles sont passionnantes mais qui sont certainement chères, ils ont un penchant pour la pierre. Ils ont ainsi acheté un immeuble avenue Montaigne, à Paris, pour 230 000 euros le mètre carré, et récemment la maison construite par la fondatrice Coco Chanel, mise en vente pour 40 millions d’euros.

Mais les patrons de Chanel sont évidemment nettement moins dépensiers quand il s’agit des salaires des travailleurs qui produisent toute leur richesse. Dans les usines de production qui se trouvent en France, dans le département de l’Oise, le prix d’un seul sac est bien supérieur au salaire mensuel d’une ouvrière. Les « petites mains » des ateliers de couture, qui travaillent sur les modèles de luxe du couturier Lagerfeld, manipulent chaque jour des vêtements qu’elles ne risquent pas de se payer. Quant aux ouvriers et ouvrières qui sont sur les lignes de production des parfums Chanel, ils voient défiler des milliers de flacons vendus à 100 euros ou plus chacun.

Dans le secteur du luxe comme ailleurs, les conditions de travail sont difficiles, avec les cadences qu’il faut tenir. Chanel a recours en permanence à des travailleurs intérimaires, qui peuvent travailler durant des mois avec des coupures de plusieurs semaines sans jamais être embauchés, et à des travailleurs embauchés par des entreprises sous-traitantes.

C’est bien cette exploitation de milliers de travailleurs en France, et dans le monde, qui a enrichi depuis des décennies la famille Wertheimer.

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