Grèce : austérité aggravée et promesses gouvernementales14/10/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2463.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : austérité aggravée et promesses gouvernementales

Lundi 5 octobre, le ministre de l’Économie grec, Euclide Tsakalotos, présentait le projet de budget rectifié à l’Eurogroupe et, à Athènes, le Premier ministre Alexis Tsipras exposait au Parlement son programme de gouvernement. Tsakalotos a énuméré dans le détail 49 mesures qui vont faire payer à la population les 4,3 milliards d’euros d’économies exigés pour 2016 par les créanciers internationaux. Tsipras a tenté de justifier politiquement la mise en œuvre de ce racket, prévu dans le troisième plan accepté en juillet.

Dans le catalogue de mesures, on trouve la libéralisation de l’économie, avec l’ouverture des professions protégées, comme celles des pharmaciens ou des notaires, celle du marché de l’énergie et de tous les secteurs promis à la privatisation, comme les aéroports, les ports du Pirée ou de Thessalonique, les chemins de fer, etc., qui intéressent directement certaines grandes sociétés grecques et internationales, surtout si les prix sont bradés. On y trouve les ponctions sur la population : la hausse des impôts directs, y compris sur les revenus modestes, après l’augmentation de la TVA imposée en juillet, des économies sur les dépenses de retraite. Les retraités ont déjà eu droit aux hausses des cotisations santé, le plan confirme la suppression progressive des retraites anticipées, le départ en retraite repoussé à 67 ans après 40 ans de cotisations. Les expulsions pour dettes sont entérinées, même si le gouvernement promet de définir des critères précis pour tenter d’épargner les habitants les plus modestes. Il met également en place des mesures pour lutter contre la fraude fiscale, mais il y a fort à parier que les résultats, s’il y en a, seront plus lents à venir remplir les caisses que les ponctions sur la population.

Le gouvernement doit absolument prouver qu’il a mis en place l’essentiel de ces mesures d’ici à la fin octobre s’il veut percevoir une tranche de crédit supplémentaire : deux milliards sur les trois promis pour la fin 2015. Car tout lui est distillé au compte-gouttes après examen des résultats par les contrôleurs européens.

Tsipras justifie ces mesures en tablant sur un retour progressif à la croissance d’ici vingt mois. On est loin de ses propos sur le « nœud coulant de la dette » : le Premier ministre tient le même langage que tous les chefs de gouvernement qui imposent à la population des mesures « difficiles » et même « préjudiciables », comme il le reconnaît, mais pour, paraît-il, relancer la machine économique et regagner la confiance des créanciers. Ainsi, ajoute-t-il, le gouvernement grec pourrait essayer de négocier une baisse des taux d’intérêt, « une période de grâce prolongée » (sur le paiement du service de la dette) et « arriver à une marge de manœuvre budgétaire suffisante pour soutenir l’investissement et restaurer notre État providence ».

En attendant l’État providence, tous les services publics se détériorent de plus en plus. L’endettement va monter en 2016 à plus de 197 % du produit intérieur brut. Le président de l’Eurogroupe prétend apprécier les efforts du gouvernement grec, mais renvoie ses propositions… aux calendes grecques.

Quant à la réforme du Code du travail réclamée par les patrons grecs, le gouvernement s’apprête à la faire en s’attaquant à nouveau aux travailleurs.

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