EDF a été condamnée par les Prud’hommes de Mont-de-Marsan à verser à 95 anciens salariés des dommages et intérêts allant de 1 000 à 14 000 euros, selon leur ancienneté, et à leur délivrer une attestation d’exposition à l’amiante qui donne droit à un suivi médical spécialisé. Depuis la fermeture de la centrale où ils travaillaient, 37 décès liés à l’amiante avaient été enregistrés.

C’est la première fois que des juges reconnaissent la responsabilité d’EDF, accusée d’avoir exposé ses salariés à l’amiante sans protection efficace en connaissant parfaitement les risques. EDF est condamnée mais, pour une entreprise condamnée, combien d’autres ont été épargnées ? Car, depuis qu’on connaît les risques liés à l’amiante, les patrons n’ont cessé de faire feu de tout bois pour ne pas être inquiétés. Le résultat, c’est l’enlisement de beaucoup de procédures. Dernier exemple en date, l’annulation en avril 2015 des mises en examen de huit personnes, dont Martine Aubry, dans le dossier de l’usine Ferrodo-Valéo de Condé-sur-Noireau, pour lequel plus de 700 victimes ont été recensées, dont 115 morts d’après les chiffres officiels, et le double selon l’Andeva, l’Association nationale de défense des victimes de l’amiante.

En France, on estime que l’amiante est responsable de 3 000 décès par an et sans doute de 100 000 d’ici 2025. Mais la responsabilité des grands industriels coupables de ces crimes n’est que rarement dénoncée, l’État et la Justice fermant les yeux.