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Dans le monde
Les survivants : pour eux, la guerre ne s’est jamais terminée
Au lendemain de l’explosion de la bombe atomique à Hiroshima, dans la ville en ruines et en proie aux flammes, 100 000 personnes avaient survécu à leurs blessures. On commença alors à découvrir ce qu’on appela le « mal de l’atome », mais les conséquences en restaient inconnues. Beaucoup de victimes n’avaient aucune blessure apparente. Épuisées, elles étaient prises de vomissements sanglants avant de mourir sans que rien ne puisse leur venir en aide.
Comme on se mettait à parler de « peste atomique », l’armée américaine lança une campagne vantant « une bombe propre n’ayant rien à voir avec des armes chimiques ». À l’automne 1945, on classa les lieux des explosions « zone militaire fermée », et la commission du Sénat américain chargée d’enquêter sur les dommages des bombes atomiques déclara : « On ne constate pas d’influence physiologique des radiations résiduelles. » Au Japon, une censure stricte se mit en place. À l’initiative du général MacArthur, chef d’état-major des troupes d’occupation, on instaura un code de la presse interdisant toute diffusion d’informations ou de commentaires relatifs aux bombardements atomiques.
Ce code resta en vigueur sept ans, jusqu’à la fin de l’occupation américaine. Les caractères japonais d’imprimerie pour désigner « bombardement atomique » ou « radioactivité » furent détruits, les études des médecins japonais classées secret défense.
Les victimes de la « pluie noire » radioactive qui s’était abattue sur la baie d’Hiroshima allaient devoir vivre comme des pestiférés, laissés sans soins par les « libérateurs », tenus à l’écart par une population craignant d’être contaminée, les corps et les visages mutilés. Ils survécurent dans l’angoisse des cancers, dans la crainte, pour ceux que la bombe n’avait pas rendus stériles, de donner naissance à des enfants souffrant de malformations ou de troubles incurables.