Ce 9 août 2015, des centaines de policiers avaient été mobilisés dans cette ville, qui avait connu plusieurs jours d’émeutes lorsque la justice avait décidé qu’aucune charge ne pouvait être retenue contre Darren Wilson, le policier qui avait pourtant tiré sur ce jeune désarmé qui se rendait.

Et cette fois encore des policiers en civil ont tiré sur un jeune de 19 ans, Tyrone Harris, qui s’en serait pris à eux, le blessant grièvement. L’état d’urgence a été déclaré dans tout le comté de Saint Louis mais de nouvelles manifestations ont eu lieu lundi 10 août, en particulier dans le centre de Saint Louis, et des dizaines de personnes ont été arrêtées. Les policiers ont été suspendus, mais le jeune homme, entre la vie et la mort, a été inculpé pour avoir tiré sur eux.

Il est révélateur que le responsable de la police n’ait pas voulu révéler la couleur de peau des trois policiers ! Dans cette ville qui est à plus des deux tiers noire, la police et les autorités sont presque totalement blanches. La peur et le racisme sont la règle. Et depuis l’an dernier, comme on le voit, peu de chose a changé. Certes, le mois dernier, un chef de la police noir a été nommé pour faire l’intérim pendant six mois, le temps de trouver un successeur à l’ancien chef de la police qui a dû quitter son poste. De même, un administrateur municipal noir a été lui aussi nommé en intérim. Quelques employés municipaux surpris à envoyer des e-mails racistes ont été remerciés. Et un nouveau juge municipal a été désigné. Enfin, une limite a été mise à la somme que la municipalité peut récolter grâce aux contraventions, car une enquête fédérale a admis que les Noirs de Fergusson étaient victimes de discrimination car… beaucoup trop verbalisés par les flics chargés d’alimenter ainsi le budget municipal.

Évidemment, les manifestants de ce week-end ont trouvé ces mesures plutôt insuffisantes. Certes, rien ne semble arrêter la violence policière contre les Noirs, comme le montre le meurtre vendredi dernier près de Dallas d’un jeune homme de 19 ans, également sans arme. Mais ces meurtres sont dénoncés. De nombreuses personnes, aussi bien dans la communauté noire que parmi tous ceux qui s’opposent au racisme, ne veulent plus qu’ils demeurent impunis.