Clermont-Ferrand : Un train qui craint le chaud et le froid19/12/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/12/une2316.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Clermont-Ferrand : Un train qui craint le chaud et le froid

Le train panoramique à crémaillère destiné à transporter les touristes jusqu'au sommet du Puy-de-Dôme a subi des pannes à répétition, ce qui a provoqué l'arrêt complet du trafic pour plusieurs mois. D'où la déception des touristes et le mécontentement de ceux qui espéraient en tirer profit.

Les premières difficultés sont apparues le 26 mai, lors de sa mise en service. Ce jour-là, un orage avec de fortes pluies a provoqué un glissement de terrain qui a endommagé les voies. Le ballast a été emporté et les rails sont restés suspendus dans le vide sur plus d'une dizaine de mètres. Quant à la gare de départ, située au pied de la montagne, elle a été inondée !

Le train a été mis à l'arrêt pendant trois semaines. Mais dès le 16 juin il était remis en service, alors que les travaux n'étaient pas encore terminés et que les services de l'État n'avaient pas validé les aménagements et la sécurité. Pour rentabiliser le panoramique, il y a eu beaucoup de précipitation.

Les responsables de TC Dôme, l'organisme qui gère le trafic pour le compte du Conseil général, ont fait une grande découverte : en été, il fait chaud ! Ainsi le 19 août, avec 29° au sommet du Puy-de-Dôme, à 1 465 mètres d'altitude, c'est la cabine qui a été en surchauffe. D'où un nouvel arrêt de plusieurs jours. À cela s'est ajouté encore un arrêt -- prévu celui-là -- d'une dizaine de jours, pour la maintenance.

Fin octobre, nouvelle mésaventure. Cette fois, c'est le froid qui a tout perturbé. Du givre déposé sur la caténaire a provoqué la coupure du contact électrique. Impossible pour les touristes, assez nombreux en cette période de congés de Toussaint, d'accéder au sommet, ainsi que pour le personnel du restaurant d'y venir travailler.

Dimanche 28 octobre, une rame redescendant à vide a déraillé. Elle est restée penchée spectaculairement à 45 degrés pendant plusieurs jours, jusqu'à ce que la SNCF envoie du matériel de levage.

Du côté du Conseil général, qui a financé à hauteur de dix millions d'euros, on n'est vraiment pas content. Malgré tout, le président a affirmé que le matériel est fiable, mais que c'est l'exploitant qui ne remplit pas ses engagements.

L'exploitation du site et les installations ont été confiées à TC Dôme, qui est une filiale d'une société canadienne SNC Lavalin. Interviennent également la société suisse Stadler et Transdev-Veolia.

Face à tous ces intervenants, le Conseil général déclare ne vouloir traiter qu'avec TC Dôme, tout en menaçant de dénoncer un contrat favorable qu'a obtenu Transdev-Veolia pendant trente-cinq ans.

Aujourd'hui, le train est à nouveau arrêté, et cela probablement pour plusieurs mois. Pourtant un autre train à crémaillère, construit aussi par Stadler, fonctionne fort bien en Suisse, à la station de Zermatt, et cela depuis des dizaines d'années, par tous les temps. Il peut même grimper jusqu'à 3 000 mètres d'altitude. Mais voilà, là-bas 80 personnes en assument en permanence la circulation et l'entretien : chauffeurs, mécaniciens, administratifs. Ils disposent de tout le matériel nécessaire, les lignes sont chauffées, ce qui permet un dégivrage permanent, avec des chasse-neige et des équipes pour graisser la crémaillère en abondance et en permanence.

Faute d'accorder de tels moyens, il n'est pas étonnant que le train du Puy-de-Dôme n'arrive même pas à rouler... à son train-train.

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