Béthune (Pas-de-Calais) - procès de la légionellose : Des patrons irresponsables19/12/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/12/une2316.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Béthune (Pas-de-Calais) - procès de la légionellose : Des patrons irresponsables

Entre novembre 2003 et février 2004, une épidémie de légionellose s'est abattue sur l'arrondissement de Lens. 86 personnes ont été victimes de cette catastrophe sanitaire et 18 malades sont décédés. Neuf ans après, lundi 10 décembre, le procès s'est ouvert au tribunal de grande instance de Béthune. Toutes les familles réclament justice contre les responsables de la contamination : l'usine Noroxo à Harnes, fermée et rasée depuis.

La SAS Noroxo (filiale d'Exxon Mobil), Johnny Malec (directeur de Noroxo au moment des faits) et la société GE Water and Process Technologies (filiale du géant General Electric) qui était chargée de la gestion du traitement de l'eau de Noroxo sont accusés d'homicides et blessures involontaires par non-respect d'une obligation de sécurité : un arrêté préfectoral du 17 décembre 2001 imposant la fermeture du système de refroidissement dans le cas d'une concentration en bactéries légionnelles supérieure aux normes autorisées.

L'usine Noroxo produisait des alcools et des acides industriels. Après bien des recherches, la source de la contamination fut trouvée dans ses tours aéroréfrigérantes. Le taux de contamination se trouvait sept fois au-dessus du seuil d'alerte, à partir duquel il est obligatoire d'arrêter les installations pour une désinfection complète.

Après cette contamination, Exxon Mobil a prétexté le nouveau seuil de tolérance, plus bas pour la concentration de bactéries dans les tours aéro­réfrigérantes, pour arrêter définitivement l'usine le 2 janvier 2004, supprimant 160 emplois chez Noroxo et une centaine dans la sous-traitance.

En février 2010, le directeur de l'usine et la société de maintenance pour l'entretien des tours aéroréfrigérantes ont été mis en examen pour blessures et homicides involontaires. Pour tenter de faire reculer le procès de plusieurs années, leurs avocats ont demandé la nullité d'une partie de l'instruction, réaffirmant que le lien entre l'épidémie et Noroxo n'était pas établi, alors que la bactérie prélevée dans les tours avait été retrouvée chez des malades. La cour d'appel de Douai a débouté Noroxo.

Au grand soulagement des familles, le procès a enfin lieu. Dès le premier jour, elles ont été choquées par les batailles de procédure des avocats du directeur de Noroxo et de GE Water pour le faire reporter. Elles ont également réagi quand le directeur de Noroxo a déclaré : « Encore aujourd'hui, je ne suis pas convaincu que l'usine soit à l'origine de ces événements. » Mais, quand les médecins et spécialistes de la légionellose viennent témoigner, il ne fait aucun doute sur la contamination de la lagune et des tours aéroréfrigérantes de Noroxo.

Selon l'avocate de l'association des victimes, « la plupart des victimes ont été indemnisées », il s'agit maintenant que les responsables soient condamnés par la justice et que dans l'avenir, « les industriels respectent l'arrêté préfectoral de 2001 », comme le dit l'avocate. Une veuve a déclaré : « Je trouve qu'on n'a pas fait tant de bruit que cela par rapport à un événement inadmissible et d'une gravité exemplaire. Il faut surveiller toutes ces usines. Ça ne doit absolument plus arriver ailleurs. »

Effectivement, pour empêcher ce genre de catastrophe de la part de patrons irresponsables, les travailleurs et toute la population concernée doivent avoir un contrôle réel sur le fonctionnement des entreprises.

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