Continental AG : Des milliards à gogo sur la peau des salariés26/04/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/04/une2282.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental AG : Des milliards à gogo sur la peau des salariés

Le groupe Continental AG, avec ses 164 000 salariés, est dans une forme éblouissante : c'est lui qui le proclame. Les communiqués de la firme précisent, pour rassurer les actionnaires, que le financement des fermetures d'usines (en Allemagne et en France) n'a pas eu d'incidence notable sur les marges bénéficiaires. En effet, c'est peu de le dire.

En trois ans le groupe aura réalisé 3,2 milliards de bénéfices et il aura réussi à réduire de moitié son endettement. Celui-ci serait ramené à six milliards. Cela voudrait dire au moins six milliards mis de côté en moins de trois ans, qui s'ajouteraient aux bénéfices nets.

En 2008 Marie-Élisabeth Schaëffler, à la tête d'un groupe dix fois plus petit, avait racheté cet immense groupe industriel sans débourser un euro, avec l'aide des banques qui avaient mis 12 milliards sur la table. La crise financière et l'effondrement des Bourses étant arrivés, le tour de passe-passe financier concocté avec les grandes banques allemandes a pris du plomb dans l'aile.

Las, tout ce petit monde a décidé de faire payer la note aux travailleurs, en fermant et licenciant à tour de bras pour faire remonter l'espoir de rentabilité et le cours des actions. Les anciens qui venaient de Siemens l'ont payé au prix fort. Puis les usines de pneumatiques du groupe ont fermé, en France à Clairoix et en Allemagne à Stöcken, laissant 2 000 salariés sur le carreau. Quant aux salariés des autres usines, la direction du groupe a exigé d'eux des sacrifices et imposé une dégradation des conditions d'emploi.

Et voilà le résultat aujourd'hui : une explosion des profits, avec des taux de rentabilité hors normes et une montée continuelle du cours des actions permettant tous les tours financiers. Ce qu'auraient coûté le maintien des emplois et la répartition du travail entre tous les salariés du groupe n'aurait pas eu « d'incidence notable » face aux milliards accumulés. Pourtant, encore aujourd'hui, la direction du groupe renâcle à assurer ses engagements vis-à-vis des travailleurs qu'elle a licenciés. Qui dira que les patrons comprennent autre chose que le rapport de forces ?

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