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- Lutte ouvrière n°2252
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Air France-KLM : Le patron pleure misère mais achète 110 avions !
Le groupe Air France-KLM annonce avoir commandé 110 long-courriers (50 achats fermes et 60 options) à Airbus et à Boeing. Un méga-contrat, dit la presse économique, avec un coût en proportion : une vingtaine de milliards. Bien sûr, Air France-KLM ne réglera le gros de la facture qu'à la livraison. Mais il a déjà dû mettre un joli paquet de milliards sur la table comme acompte.
Pourtant, une semaine avant, le patron de la compagnie avait fait une autre annonce : celle d'un plan de rigueur renforcé. Prétextant que le groupe perdait de l'argent, et d'abord face à ses concurrents européens dont les coûts salariaux seraient moindres, le PDG avait affirmé que pour « améliorer notre compétitivité » -- en fait, les dividendes versés aux actionnaires -- il fallait réduire les dépenses de 800 millions supplémentaires chaque année.
Quand la direction parle de compétitivité, on sait à quoi s'attendre. Depuis 2008, cela lui a servi de prétexte à geler les embauches et à se « délester » d'un salarié sur six (10 000 postes ont disparu à Air France, sans parler de KLM) alors que la charge de travail n'a cessé de croître. D'ailleurs Air France vient encore de se féliciter d'une hausse de trafic de 7,6 %, surtout sur l'Amérique du Nord et l'Asie, des secteurs fort rentables.
Quant aux salaires chez Air France, ils reculent en terme de pouvoir d'achat. En 2011, la direction les « revalorise » ainsi d'à peine 1 % au total, soit même pas la moitié de l'inflation. Le PDG, lui, n'est visiblement pas concerné. Avant l'été, il a eu droit à 46 % de hausse de la part variable de sa rémunération, ce qui a porté son salaire à 1 300 000 euros en net annuel. En toute une vie de travail un bagagiste ou un mécano avion ne gagnent pas ça. Cela n'a pas empêché « Monsieur 46 % » de traiter d'« irresponsables » les mécanos qui débrayaient cet été pour 32 points, soit 200 euros d'augmentation de salaire !
Et les travailleurs d'Air France n'ont pas oublié qu'il y a peu encore la direction vantait son « trésor de guerre », qu'elle chiffrait à plusieurs milliards d'euros. Cet argent lui a permis de pousser ses pions dans des compagnies, telle Alitalia, et maintenant d'envisager de prendre des parts d'autres compagnies au Japon ou en Pologne.
Comme toutes les grandes compagnies aériennes, Air France-KLM cherche d'abord à satisfaire ses actionnaires et les « marchés » sur le dos du personnel. C'est pour cela que, même si le PDG a laissé quelques semaines à ses directions de branche pour faire des propositions d'économies, on sait bien que son plan est une déclaration de guerre lancée à tout le personnel. Un plan qui appelle une riposte au niveau de l'attaque, non pas secteur par secteur ou métier par métier, mais tous ensemble à l'échelle de la compagnie.
Quant aux difficultés qu'invoque la direction, à Air France comme ailleurs, il faudrait que les travailleurs aillent regarder de plus près dans ses comptes. Car quand elle pleure misère, c'est généralement la bouche pleine.