Vendredi 8 juillet, la dernière Yaris version 2 est sortie de l'usine d'Onnaing. La production est réaménagée pour la version 3 commercialisée dans les mois prochains. C'est maintenant une lente montée en cadence avec seulement quelques dizaines de véhicules produits chaque jour.

La direction a annoncé, lors du Comité d'entreprise du 18 juillet, que 121 909 Yaris III seraient produites entre le 1er octobre 2011 et le 31 mars 2012 ! Ce chiffre fantaisiste sert à essayer de montrer que la direction maîtrise l'avenir, ce qui n'est pas le cas.

Il peut servir aussi à justifier la mise en place d'une équipe de nuit, même pour quelques mois, afin de rentabiliser au plus vite les installations et les machines... quitte ensuite à renvoyer au chômage les intérimaires et à imposer du chômage partiel, ce qui est rentable pour Toyota qui, dans ces conditions, ne paie qu'une toute petite partie de nos salaires.

Quelle sera la situation économique en Europe d'ici mars 2012 ? Quel sera le niveau du chômage ? Personne ne le sait ! En Espagne, seulement 370 Yaris ont été vendues en juin dernier, alors que l'Espagne était dans les meilleures ventes en Europe avec 2 000 à 3 000 ventes mensuelles il y a encore quelques mois... et c'est pire au Portugal et en Grèce. En Italie, après le plan d'austérité de 50 milliards d'euros sur le dos de la population, combien d'Italiens auront encore les moyens d'acheter une voiture neuve, alors que c'est le plus gros marché pour la Yaris ?

Ces préoccupations alimentent les discussions. La direction nous dit que les ventes de la Yaris dépendent de notre motivation et du niveau de qualité du véhicule. Mais une majorité d'ouvriers a conscience que le niveau des ventes de la voiture sera surtout lié au niveau du chômage et des salaires en Europe.

Les discussions sont nombreuses, profitant d'un moment où la production est encore très faible. Beaucoup critiquent ouvertement les mauvaises conditions de travail habituelles, les nouvelles réorganisations ou le comportement de certains chefs, ou parlent de la nécessité de redémarrer une grève sur les salaires en septembre ou en octobre.

Une partie des agents de maîtrise qui croient encore dans les discours de la direction se retrouvent bien impuissants face à cette ambiance et aux comportements de plus en plus collectifs des travailleurs.

Une collecte organisée par la CGT dans un secteur pour protester contre les quatre jours de mise à pied infligés injustement à un ouvrier a quasiment couvert sa perte de salaire. « Nous sommes de plus en plus solidaires » ont constaté de nombreux ouvriers.

Effectivement, il faudra beaucoup de solidarité, beaucoup de cohésion pour obliger Toyota à embaucher et à augmenter les salaires pour rendre les conditions de travail enfin humaines.