Montreuil (Seine-Saint-Denis) : Près de 300 personnes expulsées de leur logement03/08/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/08/une2244.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Montreuil (Seine-Saint-Denis) : Près de 300 personnes expulsées de leur logement

Depuis 2008, près de 300 jeunes travailleurs, chômeurs, des familles avec enfants, originaires du Mali avaient trouvé refuge dans une ancienne imprimerie désaffectée. Les résidents de ce squat, ainsi que les soutiens avec lesquels des liens se sont tissés, savaient qu'ils étaient sous la menace permanente d'une expulsion. Des collectes, des repas de solidarité avaient été organisés. Mais le plus déterminant est que les habitants s'étaient organisés pour faire face aux difficultés du quotidien et à cette menace.

Alors qu'ils avaient vécu des années sans eau courante, une convention avait été finalement signée entre les squatteurs et la municipalité qui s'était engagée à viabiliser les lieux. Ces travailleurs et les familles ont collecté l'argent nécessaire aux aménagements et ont réalisé les travaux. Ils ont déboursé plus de 2 500 euros pour l'achat de matériel sanitaire, 5 300 euros pour la construction de douches, de toilettes, l'installation de portes de secours. Ils ont aussi fait un versement à Veolia pour l'approvisionnement en eau du bâtiment. Comme le rappelait l'un des résidents : « Nous, travailleurs sans papiers, sans droits, nous avons versé plus de 2 000 euros de TVA dans les caisses du Trésor public pour ces travaux ».

Vendredi 29 juillet la municipalité devait convenir d'un rendez-vous pour contrôler les travaux. Pourtant le lendemain samedi 30, à 7 heures du matin, la municipalité fut mise semble-t-il devant le fait accompli par le préfet qui faisait intervenir plusieurs dizaines de cars de CRS pour une évacuation des lieux. Un résident témoigne :« Lors de l'expulsion, nous avons été triés comme des animaux, entre ceux qui avaient un titre de séjour et ceux qui n'en avaient pas ».

La Préfecture a procédé à des interpellations. Quatre-vingt personnes sont sous la menace de décisions administratives, douze d'entre elles étant provisoirement placées dans un centre de rétention. La Préfecture évoque l'insalubrité des lieux mais depuis quatre ans, ses services ont été incapables de proposer la moindre solution de relogement. Après l'expulsion, la seule proposition était quinze nuitées d'hôtel sans promesse de renouvellement et quelques vagues promesses de relogement. Lorsque les résidents ont demandé des promesses écrites, la Préfecture leur a répondu : « C'est soit l'hôtel dans le calme soit le Mali avec fracas ».

Samedi 31 juillet au soir, une assemblée générale regroupant les familles et quelques soutiens tentait de remédier à l'urgence, certains ont dormi dans les squares environnants, d'autres à la Bourse du travail, en accord avec les syndicats. Le lendemain, dans un centre-ville encore occupé par plusieurs cars de CRS, une manifestation de solidarité regroupant près de 200 personnes a défilé dans les rues avant d'être stoppée par la police.

Cette manifestation exprimait aussi le ras-le-bol des expulsions qui se multiplient, le ras-le-bol du manque de logement bon marché face à la hausse continue des prix des loyers et à la spéculation immobilière.

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