Corne de l'Afrique : Les grandes puissances ont semé la discorde et elles en bénéficient03/08/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/08/une2244.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Corne de l'Afrique : Les grandes puissances ont semé la discorde et elles en bénéficient

La sécheresse, conjuguée à la flambée des prix des produits alimentaires, a fait basculer la Corne de l'Afrique, et en premier lieu la Somalie, dans la famine. Mais la région ne souffre pas que de cela. L'intervention des grandes puissances, la façon dont elles s'en sont emparé, dont elles l'ont morcelée et déchirée y est pour beaucoup.

La Corne de l'Afrique a toujours été un enjeu stratégique du seul fait qu'elle permet le contrôle de l'entrée dans la mer Rouge et du canal de Suez, une route maritime essentielle.

À la fin du 19e siècle, par des guerres de conquêtes coloniales, la France s'attribua l'actuel territoire de Djibouti. Le Royaume-Uni, lui, s'empara du nord de la Somalie tandis que l'Italie s'octroyait le sud dans le même temps où elle conquérait l'Érythrée. Plus tard, en 1935-1936, Mussolini finit par s'emparer de l'Éthiopie jusqu'à ce qu'en 1941, le Royaume-Uni contrôle tous ces territoires.

La colonisation de la Somalie se traduisit par des massacres, l'introduction de lourds impôts, le travail forcé et le pillage des ressources. Pour asseoir leur domination, les puissances coloniales attisèrent les rivalités entre les clans et les tribus.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis entrèrent dans le jeu, se proclamant protecteurs de l'empereur d'Éthiopie. Cette indépendance sous contrôle était d'autant plus précieuse pour l'impérialisme US qu'on venait de découvrir du pétrole dans l'Ogaden, une province du sud de l'Éthiopie. Les Britanniques auraient bien voulu rattacher l'Ogaden à une grande Somalie sous leur autorité mais le projet fut mis en échec, et l'Ogaden resta éthiopienne. Avec l'appui des États-Unis, l'ONU attribua en 1952 l'Érythrée à l'Éthiopie.

Ces découpages successifs créèrent et attisèrent des divisions et des conflits à l'origine des guerres qui ensanglantent la région depuis les années soixante : celles menées par la Somalie contre l'Éthiopie pour récupérer l'Ogaden, en 1964 et en 1977-1978 ; les guerres entre l'Éthiopie et les forces sécessionnistes de l'Érythrée, qui n'ont d'ailleurs pas cessé avec l'indépendance de cette dernière en 1991.

Les États-Unis sont aujourd'hui les principaux maîtres de la région. Leurs interventions et leurs manoeuvres en Somalie ont plongé le pays dans le chaos et la misère. Dans les années 1980, ils soutinrent la dictature de Siyaad Barre et de son clan. Depuis la chute de Barre, en 1991, la Somalie est déchirée par les guerres claniques dont les revendications territoriales s'appuient sur l'ancien cadre colonial. En 1992, la Somalie connut la famine. Sous couvert d'une intervention humanitaire, « Restore Hope » (rétablir l'espoir), les États-Unis intervinrent militairement. Bien que cette intervention tournât court, les États-Unis n'ont jamais cessé de manoeuvrer, jetant de l'huile sur le feu en soutenant des bandes armées contre d'autres pour tenter d'imposer un gouvernement à leur botte. En 2006-2007, l'armée éthiopienne, soutenue par l'aviation américaine, a envahi la Somalie pour combattre les milices islamistes qui y gagnaient du terrain. Ce fut à nouveau des massacres pour la population. Aujourd'hui, tous les territoires restent morcelés en fonction des rapports de force entre les seigneurs de guerre, islamistes ou pas.

Voilà de quelles situations les grandes puissances impérialistes d'hier et d'aujourd'hui sont responsables, elles qui ont fait de cette région un enfer pour les populations.

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