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Dans le monde
Maroc : Le régime face à la croissance des manifestations
Plusieurs dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans la rue le 20 mars à Casablanca, Rabat, Marrakech, Fès et dans des dizaines d'autres villes du Maroc.
À peine plus d'une semaine après un discours de Mohamed VI au cours duquel, désignant à cette fin une commission, il avait promis une révision de la Constitution, un renforcement des pouvoirs du Premier ministre et « l'élargissement des libertés individuelles », les manifestants ont tenu à montrer qu'ils n'étaient pas dupes de ces belles paroles.
Et ce, d'autant moins que, quelques jours après l'intervention du roi, un rassemblement demandant des réformes avait été, le 13 mars, violemment réprimé par la police, faisant une trentaine de blessés. On pouvait voir concrètement comment se manifestait « l'élargissement des libertés » version chérifienne...
Depuis le 20 février, des manifestations ont eu lieu au Maroc, à l'initiative d'une coordination, sous les mots d'ordre de « Liberté, Dignité, Démocratie », réclamant la fin de la corruption et de l'injustice sociale, de la torture et de l'arbitraire. Les manifestants, qui y ont répondu, ont exprimé leur solidarité avec les révoltes des populations du monde arabe, mais voulaient aussi dénoncer l'hypocrisie d'un monarque qui se veut moderne et partisan d'une certaine démocratie - tout en faisant donner sa police contre les manifestants et les opposants au régime. La corruption et le maintien des privilèges d'une minorité proche du pouvoir en restent les piliers, de même que la répression des revendications de la population, des jeunes, des travailleurs luttant pour leurs droits. Le couplet plein de promesses seriné par un roi qui a quelques raisons d'être inquiet ne peut faire oublier cette réalité.
Le chômage demeure élevé, les prix également, et la population travailleuse subit une scandaleuse injustice sociale, sur le plan du logement, des conditions de travail, des salaires. La minorité de bourgeois, propriétaires terriens sans scrupules pour les petits paysans qu'ils écrasent, ou capitalistes en affaires avec les groupes français qui prospèrent sur l'exploitation du sol, du sous-sol et de la main-d'oeuvre marocaine, ne doit pas se sentir à l'abri de la vague de révolte populaire qui touche la rive sud de la Méditerranée.