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Leur société
Union européenne : Les banquiers dictent leur loi
Les dirigeants des vingt-sept pays de l'Union européenne se sont une nouvelle fois retrouvés vendredi 29 octobre, pour tenter de gérer la crise financière et ses conséquences sur la monnaie européenne. Sarkozy, Merkel et les autres doivent se rendre à l'évidence : les plans d'austérité qu'ils ont imposés dans tous les pays d'Europe, si féroces qu'ils soient pour les populations, ne règlent rien.
Les banquiers continuent leurs opérations, spéculent entre autres sur les dettes libellées en euros contractées par les divers États européens. C'est ce qui avait mis la Grèce au bord de la faillite il y a peu, c'est ce qui menace l'Irlande, c'est aussi ce qui peut engendrer une crise qui pourrait faire exploser l'euro.
Le débat portait donc sur quelques clauses du traité de Lisbonne, dernière mouture de la loi qui régit l'Europe des vingt-sept, entre autres sur la délicate question : « les pays de la zone euro ont-ils le droit, ou non, d'apporter une aide financière à un autre pays de la zone euro, sous quelles conditions, pendant combien de temps ? »
Si certains pays ont besoin d'être « aidés », c'est parce qu'ils sont ruinés par les grandes banques et attaqués par les spéculateurs, c'est-à-dire au premier chef par la BNP, la Société Générale, la Deutsche Bank, etc. Alors, la question débattue par les dirigeants européens revient à se demander si les grandes banques françaises et allemandes peuvent avoir le beurre (la spéculation sur la dette, grecque ou autre), l'argent du beurre (la garantie de l'Union européenne sur le remboursement de cette dette), auxquels s'ajouteraient les plans d'austérité destinés à dégager les fonds nécessaires pour rembourser les banques en pressurant les populations. Dans ces conditions, « aider » un pays en faillite revient à subventionner les banquiers qui l'ont poussé à la ruine et à contraindre les travailleurs à rembourser les dettes contractées par les capitalistes, à étrangler un pays pour enrichir les banques des pays plus riches. C'est ce qu'a entériné le sommet des chefs d'État européens.
Les gouvernements des « petits » pays ne sont pas en situation de s'opposer aux deux puissances que sont la France et l'Allemagne. La Banque centrale européenne ne veut en rien gêner les grandes banques privées. La décision a donc été prise « à l'unanimité » officiellement, en fait par les représentants des deux bourgeoisies les plus puissantes, Sarkozy et Merkel, qui l'avaient préparée et annoncée lors d'un tête-à-tête à Deauville la semaine précédente.
Ce qui a posé le plus de problème aux négociateurs a été l'aspect purement juridique de la chose, car la révision du traité de Lisbonne exige en théorie le passage par un référendum dans chaque pays de l'Europe des vingt-sept. Or Sarkozy et consorts ne tiennent pas à ce que les vingt-sept organisent un référendum ayant trait à la crise, aux banquiers et aux plans d'austérité dans la période qui vient. Les juristes européens ont donc deux mois devant eux pour trouver le « truc » juridique qui ferait qu'un référendum n'est pas nécessaire, qu'il est donc inutile de demander son avis à la population des vingt-sept pays.
Les travailleurs ont en fait commencé à donner leur opinion sur la question, en Grèce, en Espagne, en France et ailleurs, dans les grèves et les manifestations. Et cela vaut mieux qu'un référendum.