Le laboratoire pharmaceutique suisse Novartis vient d'annoncer, jeudi 28 octobre, sa volonté de vendre l'usine Pharma de Huningue d'ici l'été 2011.

Le site Novartis est composé de trois usines : outre Pharma qui produit actuellement des médicaments sous forme liquide et des suppositoires, il y a une usine Santé Animale de 80 salariés et un centre de biotechnologie de 400 salariés, qui resteront propriété de la multinationale.

Le repreneur est la société Delpharm, spécialisée dans le façonnage pharmaceutique, qui possède cinq usines en France avec 1 400 salariés ; usines reprises à des grands noms de la pharmacie qui voulaient s'en débarrasser.

La direction de Novartis annonce clairement que la fabrication de ces médicaments traditionnels ne l'intéresse plus car elle n'est pas suffisamment rentable et, dit-elle, ne fait plus partie des « cours de métier » du groupe. Le seul vrai métier de Novartis étant visiblement de faire du profit, bien plus que de produire des médicaments.

La direction présente ce projet comme « une réelle opportunité sur le plan social », elle y voit même une démarche citoyenne (sic !). Elle ne manque pas de cynisme en faisant cette annonce une semaine après s'être publiquement félicitée des « excellents résultats financiers » pour le troisième trimestre 2010 : profits en hausse de 25 %, avec 3,7 milliards de dollars pour ce seul trimestre.

Le groupe Novartis ramasse du profit à ne savoir qu'en faire. Il a récemment dépensé plusieurs dizaines de milliards de dollars pour le rachat à Nestlé du laboratoire ophtalmologique Alcon. Paul Bucker, le PDG de Nestlé, vient d'encaisser pour le dernier trimestre un chèque de 28 milliards de dollars correspondant à la vente à Novartis de la dernière tranche du capital d'Alcon, pour un coût total de 38 milliards de dollars. C'est dire que Novartis a des moyens considérables.

Les travailleurs sont inquiets car, pour l'instant, Novartis ne s'engage à fournir une activité au site que pendant cinq ans. De là à penser que Novartis veut simplement sous-traiter les licenciements, il n'y a qu'un pas. Et de toute façon la coupure avec les autres travailleurs du site de Huningue est un pas de plus dans le morcellement de ce qui est jusqu'à présent le site Novartis.

D'autre part, quelles seront les conditions de reprise pour les travailleurs ? C'est encore bien flou, même si la direction prétend que personne ne restera sur le carreau. Les travailleurs veulent des garanties pour l'avenir. Et Novartis, groupe riche à milliards, peut donner satisfaction aux quelque 250 salariés concernés par la cession.