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- Lutte ouvrière n°2205
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Dans le monde
Irak : Après les bombardements américains, une pluie de sauterelles françaises
Une cinquantaine d'entreprises françaises, et non des moindres, ont envoyé leurs représentants à la Foire internationale de Bagdad, inaugurée le 1er novembre. À cette occasion, une liaison aérienne Paris-Bagdad a été reprise, la secrétaire d'État au Commerce extérieur s'est déplacée et la presse a été invitée à broder sur le thème « les patrons français retournent en Irak ».
Il faut dire que l'affaire est d'importance : six cents milliards de dollars seraient nécessaires pour reconstruire les infrastructures indispensables au pays. Des routes aux centrales électriques, des hôpitaux au système d'adduction d'eau, des usines aux musées, tout a été détruit par les bombardements occidentaux et les armées d'occupation. L'Irak va donc devoir payer maintenant une rente de reconstruction à ceux-là mêmes qui l'ont détruit.
Les premières entreprises françaises à revenir en Irak furent le cimentier Lafarge, le pétrolier Total et la compagnie maritime CMA CGM. D'autres comme Sanofi et EADS suivent, d'autant que l'État français fait tout pour leur faciliter la tâche. La loi irakienne, rédigée à l'ombre des armes américaines, prévoit déjà des avantages fiscaux pour les investisseurs étrangers et le libre rapatriement des capitaux et des dividendes, c'est-à-dire qu'elle prévoit le pillage du pays. Mais, comme cela ne suffisait pas, un accord de « protection des placements financiers » vient d'être signé entre la France et l'Irak, protégeant les « investisseurs » contre les risques politiques. Les services diplomatiques français ont même fait construire un hôtel pour les hommes d'affaires, en face de l'ambassade, dans la « zone sécurisée » de Bagdad.
C'est ce pays à genoux, cette population martyrisée, que les hommes d'affaires français se préparent à rançonner un peu plus.