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- Lutte ouvrière n°2182
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Freescale (ex-Motorola) - Toulouse : Fermeture toujours programmée... mais 180 intérimaires appelés en renfort pour sortir la production
À Freescale-Toulouse, la direction a choisi d'annoncer la fermeture de l'usine deux ans à l'avance, pour se prémunir de toute réaction des travailleurs. Mal lui en a pris, puisqu'une grosse partie des ouvriers, épaulés de quelques techniciens, a fait grève cinq semaines durant l'automne 2009 pour exiger des conditions de départ décentes. Ce mouvement s'est traduit par la mise en place de planchers de 60 000 euros à 40 000 euros selon la date de départ et l'ancienneté des travailleurs.
Mais le calcul des indemnités restait basé sur le versement de deux fois les indemnités conventionnelles de licenciement, plus une somme fixe que la direction a tenu à maintenir décroissante dans le temps, pour inciter à des départs volontaires le plus tôt possible : 40 000 euros pour un départ en 2010, 25 000 euros pour un départ en 2011 et 15 000 euros pour un licenciement à la fermeture de l'usine.
L'intersyndicale CGT/CFDT/CFTC ayant saisi le tribunal de grande instance pour demander l'annulation du plan dit « social », le juge lui a donné raison sur la contestation de la dégressivité de cette prime.
Le TGI a donc renvoyé patron et syndicats à leurs discussions pour redéfinir cette prime, sans dégressivité, sachant que certains sont déjà partis avec le montant de 40 000 euros.
Des assemblées générales par équipe, puis sur l'ensemble du site, ont été organisées, et une petite centaine de travailleurs se sont retrouvés une nouvelle fois pour faire valoir leurs droits devant la salle du CCE le 7 mai. Lors de cette réunion, la direction a imposé son dispositif qui n'avait de nouveau que le nom, puisqu'elle maintenait intégralement la dégressivité de la prime en changeant quelque peu le vocabulaire, mais pas les sommes. Les élus FO et CGC, fidèles bras droits du patron depuis l'annonce de la fermeture et seuls élus en CCE, ont donné un avis favorable au patron.
Cette fermeture tourne au mauvais feuilleton. En effet on assiste en ce début d'année à une pénurie de semi-conducteurs et la direction a toutes les peines du monde à relancer la production. Il faut dire qu'avec les conditions de départ qu'elle impose, les travailleurs n'ont pas trop le coeur à l'ouvrage et qu'elle n'est pas près de retrouver les niveaux de productivité antérieurs.
Le patron a pourtant recruté 180 intérimaires, un comble dans une entreprise en cours de fermeture ! En plus, il demande aux équipes de week-end de travailler en heures complémentaires les jours fériés, et des heures supplémentaires sont proposées sur toutes les équipes. Mais cela ne suffit pas et la direction vient d'annoncer la création d'une prime au rendement, basée en grande partie sur la note individuelle donnée par la maîtrise. L'obtention de cette prime est très aléatoire et elle se substitue à une autre prime que les travailleurs étaient certains de toucher. Encore un dispositif discriminatoire envers les futurs licenciés et qui a toutes les chances de faire l'unanimité contre lui.
Tant que le patron a un tel besoin du travail des salariés, ceux-ci ont tous les moyens de parvenir à se faire entendre.