Le journal Le Parisien du 11 mai a publié les conclusions d'un rapport d'étape de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) sur « la qualité de la distribution d'électricité ». On peut y lire que « les performances des réseaux se sont très sensiblement dégradées ». Il s'agit du 1,2 million de kilomètres de lignes électriques qui alimentent les particuliers et les PME et sont gérées à 95 % par une filiale d'EDF, ERDF. Sur ce réseau, le nombre et la durée des coupures ne font qu'augmenter.

Le temps moyen de coupure est estimé à une heure trente par an, un chiffre en augmentation de 50 % depuis dix ans. Dans plus de douze départements le temps de coupure a été de plus de trois heures, le record revenant à la Lozère, dont les habitants ont été privés d'électricité en 2008 pendant 35 heures et 31 minutes.

C'est d'ailleurs dans les zones rurales que la situation est particulièrement mauvaise, le rapport parlant d'un réseau « en piteux état » (transformateurs vétustes, fils électriques nus, poteaux délabrés, etc.) que « son mauvais entretien rend de plus en plus vulnérable aux aléas climatiques ». Et de citer les conséquences des tempêtes Lothar et Martin, qui avaient privé en 1999 quatre millions de foyers d'électricité et, plus près de nous, en 2009 celles de la tempête Klaus, qui a privé de courant 1,7 million de foyers pendant trois semaines.

À la suite des tempêtes de 1999, un rapport demandé par le gouvernement avait chiffré à 500 millions d'euros le montant des travaux à réaliser par an jusqu'en 2017 pour « sécuriser » le réseau. En 2006 EDF avait présenté son plan « Aléas climatiques » et s'engageait à investir... 240 millions d'euros par an jusqu'en 2017. C'était donc près de deux fois moins que ce préconisaient les experts, mais c'était encore trop puisque le rapport du CRE indique qu'EDF n'a investi, entre 2006 et 2009, que 170 millions d'euros par an dans l'entretien du réseau...

En fait, ces millions d'euros qu'EDF n'a pas investis dans son réseau, ses dirigeants les ont placés dans des investissements qu'ils considèrent autrement plus profitables, à savoir le rachat de sociétés à l'étranger, les dernières en date étant la société belge SPE et les activités nucléaires de la société américaine Constellation Energy Group. Comme le dit le rapport de la CRE, « cette expansion internationale a été financée aussi par une réduction de la maintenance et de l'investissement sur le territoire national ». Entre les bénéfices escomptés de ces rachats et la qualité du service public, les dirigeants d'EDF ont choisi sans hésiter. Tant pis pour tous les usagers sur qui plane la menace de coupures d'électricité et de chauffage !