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Leur société
Crédit agricole : Ça paye pour les dirigeants
Lors de l'assemblée générale des actionnaires du 19 mai, les dirigeants du groupe Crédit Agricole ont dû lever une partie du voile qui recouvre le montant de leurs rémunérations. Ce n'est bien sûr pas dans ce genre d'assemblée que les décisions sont prises, mais les petits actionnaires peuvent y poser des questions parfois gênantes aux dirigeants. Sans quoi ceux-ci ne rendent des comptes qu'aux grands actionnaires au sein des conseils d'administration.
On a pu ainsi apprendre le montant substantiel de ce que les banquiers appellent les « périphériques de rémunérations » qui sont réservés aux hauts cadres. Une prime de 1 854 000 euros a été attribuée à Jean-Frédéric de Leusse, un directeur général dont le dernier fait d'armes avait été la prise de contrôle de la banque grecque Emporiki.
Il y a aussi le nouveau régime de retraite appelé « régime additif », mis en place par le CA et réservé aux seuls 850 cadres dirigeants du groupe. Ceux-ci n'auront pas de souci à se faire, puisque le montant maximal de cette retraite sera égal à 23 fois le plafond de la Sécurité sociale, c'est-à-dire 796 260 euros. Les mieux lotis pourront donc espérer toucher autant que G. Pauget, qui vient de prendre sa retraite de directeur général avec une retraite chapeau de 796 260 euros. Il avait déjà perçu 520 000 euros de bonus au titre de 2009, ce qui lui fait une rémunération globale de 1,44 million d'euros en pleine année de crise financière.
Le président du groupe, R. Carron, qui part également en retraite, à 67 ans, a dû, lui, se justifier d'une « indemnité exceptionnelle » de 210 000 euros. Il a reconnu avoir fait « des erreurs » avant d'ajouter sans rire : « J'ai peut-être été le seul président du CAC 40 qui a présenté ses excuses aux actionnaires. Je peux le refaire, mais n'exagérons pas les choses. »
Ce sont les mêmes banquiers qui s'en mettent plein les poches : le CA annonce pour le premier trimestre des bénéfices multipliés par 2,5 par rapport à la même période de 2009. Mais c'est vrai que, depuis le début de la crise à l'automne 2008, les banquiers n'ont eu qu'à demander pour obtenir des États les milliards pour payer ce qu'ils appellent leurs « erreurs », et qui n'est que le résultat de leurs activités spéculatives ordinaires.