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Leur société
Clermont-Ferrand : Le préfet trop zélé a dû reculer
Deux cas d'expulsion ont donné tort au préfet de la région Auvergne.
Youssouf, un jeune Marocain élève au lycée professionnel Camille-Claudel, a été arrêté le 1er février et placé en garde à vue. Il lui est reproché d'être en séjour irrégulier. P. Stéfanini, préfet de la région Auvergne et très proche du ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, a ordonné sans délai son expulsion vers le Maroc.
Les camarades de Youssouf ont vivement réagi, cessant d'aller en cours et manifestant contre cette décision arbitraire, avec le soutien de leurs enseignants et des associations de défense des sans-papiers. À l'occasion d'une venue des journalistes vedettes de TF1 Claire Chazal et Jean-Pierre Foucault, ils ont fait de la publicité sur ce cas aussi arbitraire que scandaleux, brandissant devant les journalistes une banderole exigeant la libération immédiate de leur camarade. L'affaire a fait du bruit jusqu'à l'Assemblée nationale, où des élus de gauche ont interpellé le gouvernement.
Gêné par tant de réactions, le préfet a finalement reculé : Youssouf ne sera pas expulsé et pourra poursuivre ses études jusqu'à la fin de l'année scolaire. Il reste toutefois sous surveillance puisqu'il est assigné à résidence.
Le même préfet a dû avaler une autre couleuvre au sujet de deux soeurs jumelles marocaines de 18 ans. L'une, Salima, a été enfermée au centre de rétention administrative de Lyon pendant trois semaines, puis renvoyée au Maroc début février. Le même sort était réservé à sa soeur. Mais celle-ci a pu se cacher à temps, grâce au soutien d'associations, échappant pour le moment à l'expulsion.
Ces deux jeunes filles ont quitté il y a plus de cinq ans le Maroc, où elles n'ont plus de famille. C'est une tante qui les a hébergées à Clermont-Ferrand. Elles préparent un CAP et le préfet ose prétendre que leur comportement menacerait l'ordre public. En fait, depuis fin juillet 2009, elles étaient dans le collimateur du préfet et de la police, un titre de séjour leur ayant été refusé.
Mais le préfet est allé trop vite en besogne : l'expulsion a eu lieu avant même que le tribunal administratif ait fait connaître sa décision d'accepter ou de refuser la régularisation ! D'où l'aspect illégal de la décision préfectorale.
Face à cet arbitraire, la mobilisation n'a pas faibli pendant des semaines, avec des protestations multiples et des rassemblements à répétition devant la préfecture. La presse nationale a également relaté ce cas, en s'étonnant des mesures administratives absurdes. Hortefeux s'est senti obligé de promettre que Salima puisse revenir en France au bout de dix jours et obtenir enfin un visa de long séjour ! Mais le préfet qui n'a manifestement pas digéré ces reculs forcés, exige toujours que sa soeur sorte de la clandestinité et se rende aux services de police : elle serait alors expulsée à son tour et pourrait, paraît-il, elle aussi revenir en France. Il semble inenvisageable à ces individus, prétendant prendre en compte « l'aspect humain » de ces situations, de régler l'aspect administratif en laissant ces jeunes filles tranquillement sur le territoire français.
Voilà le résultat de la politique du chiffre menée par les Besson et Hortefeux, bien servis par le relais d'un préfet aux ordres.