- Accueil
- Lutte ouvrière n°2140
- Pôle Emploi : Faire du profit avec le chômage
Leur société
Pôle Emploi : Faire du profit avec le chômage
Pôle Emploi a publié le 31 juillet la liste des trente et une premières sociétés privées qui suivront, à partir de septembre et jusqu'en 2011, les dossiers de 320 000 chômeurs. C'est la première fois que le gouvernement fait appel aussi massivement à des officines privées auxquelles il confiait jusqu'alors un peu moins de 50 000 dossiers par an.
Avec la crise et l'explosion du chômage, le reclassement des chômeurs est un marché qui devient très lucratif pour des sociétés privées dont 281 ont présenté un dossier de candidature. Parmi les trente et une retenues, les sociétés d'intérim ont été particulièrement bien servies : Manpower a raflé 11 % du marché, Eurydice 6 % et Adecco 5 %. Et le cabinet de reclassement Sodie Emploi a raflé à lui seul 22 % du marché.
Ces sociétés sont censées gérer les dossiers de 170 000 chômeurs de longue durée et de 150 000 licenciés économiques pour une facture totale estimée à 466 millions d'euros. Le journal Les Échos avance le chiffre d'environ 1 600 euros pour un chômeur de longue durée et de 2 000 euros pour un licencié économique. Il paraît même que les sociétés retenues auraient « cassé » leurs prix puisque, dans les premiers contrats passés en 2006, les tarifs étaient de... 3 500 euros par chômeur. C'est dire que le marché était déjà profitable !
Laurent Wauquiez, le secrétaire d'État à l'emploi, a affirmé que « le recours à ces prestataires sera rigoureusement évalué tout au long du marché » et que « leur rémunération sera liée aux résultats obtenus ». Mais en pratique les officines toucheront 50 % après avoir rempli une liste déterminée d'actes dits d'accompagnement puis 25 % en cas de retour à l'emploi et 25 % enfin en cas de maintien de cet emploi six mois plus tard. Alors, quoi qu'en dise Wauquiez, qui prétend qu'il « ne s'agit pas d'un chèque en blanc », ces officines seront en fait payées 50 % même sans aucun résultat et 100 % si elles proposent un emploi de six mois, ce qui devrait être dans les cordes de ces sociétés d'intérim et de placement.
Wauquiez, sans rire, s'est félicité de la « saine émulation » avec le service public que constitueraient ces contrats avec le privé. Mais il ne s'est pas demandé combien de salariés auraient pu être embauchés à Pôle Emploi avec ces près de 500 millions d'euros, où c'est l'engorgement faute de personnel !