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- Lutte ouvrière n°2135
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Leur société
Sarkozy aux Antilles : Rassurer possédants et politiciens, menacer les grévistes
Les travailleurs des deux îles, en grève générale pendant 44 jours en Guadeloupe et presque autant en Martinique en janvier-février et mars derniers, avaient fait exploser leurs problèmes à la face du patronat et de l'État français : bas salaires, chômage endémique, augmentation scandaleuse des prix, discriminations, et racisme de la part d'une caste de patrons békés en particulier.
Sans les nommer, Sarkozy s'en est pris à plusieurs reprises au LKP en Guadeloupe ou au collectif du 5 février de Martinique, déclarant : « je serai très ferme sur les principes républicains. Je n'accepterai pas que l'on constitue des groupes d'intimidation violents »... « Le droit de grève est un droit légitime... mais il ne peut être utilisé comme un instrument de propagande et de déstabilisation politique. » Et d'ajouter encore : « Je vous le dis tout net : je ne suis pas prêt à accepter l'inacceptable. L'autorité de l'État sera assurée. Je n'accepterai pas que sur le territoire de la République l'on stigmatise une catégorie de citoyens en raison de leur origine. »
Puis il a voulu rassurer et conforter la classe politique, celle des notables, des présidents des Conseils régionaux et départementaux, en leur promettant un changement de statut, dans lequel ils auraient plus de responsabilités. C'est là une vieille revendication récurrente de ces notables indépendantistes, de droite ou de gauche. Il y a aujourd'hui une sorte de consensus assez large de ces politiciens pour une sorte d'autonomie des deux îles. Sarkozy ira donc au rythme choisi par ces élus, avec un référendum en Martinique, où le congrès des élus départementaux et régionaux a déjà voté le principe d'une autonomie. Et il attendra dix-huit mois pour la Guadeloupe, selon les voeux du congrès de cette île. Les changements de statut, s'ils peuvent créer quelque illusion chez certains, ne changeront en rien le sort des travailleurs, si ces derniers n'imposent pas leurs revendications et leurs droits.
Les présidents « socialistes » des assemblées locales, Gillot et Lurel en Guadeloupe, se sont montrés particulièrement complaisants à l'égard de Sarkozy, le remerciant vivement d'avoir nommé une « Guadeloupéenne », Marie-Luce Penchard (la fille de Lucette Michaux-Chevry), au secrétariat d'État à l'Outre-mer. C'était bien l'effet escompté par Sarkozy par cette nomination-gadget.
Pour le reste, Sarkozy dit avoir compris le message envoyé par la population antillaise lors de la grève générale.
Mais qui peut croire de tels propos ? En tout cas pas les travailleurs, dont une fraction importante continue à manifester son mécontentement face aux licenciements (plus de 700 dans l'hôtellerie en Guadeloupe), face au coût de la vie, à l'augmentation du chômage, face aux tentatives de revenir sur les accords de fin de grève générale.
La présence de centaines de personnes aux meetings organisés par le LKP en Guadeloupe et la manifestation de plusieurs milliers de travailleurs dans les rues de Pointe-à-Pitre le samedi 27 juin, les diverses interventions du collectif du 5 février, en Martinique, ont été la meilleure réponse à la démagogie de Sarkozy. Ce dernier est venu avant tout en représentant de l'impérialisme français, garant des intérêts des possédants, des exploiteurs, des riches. Il est venu en protecteur de ce qu'il appelle la « catégorie de citoyens stigmatisés en raison de son origine », en un mot : la caste des gros propriétaires békés dont le racisme n'est plus à prouver.