Roms en Seine-Saint-Denis : L'État français contre Médecins du Monde03/07/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/07/une2135.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Roms en Seine-Saint-Denis : L'État français contre Médecins du Monde

Pour la première fois l'organisation Médecins du Monde a été assignée en justice par l'État français, ou plus exactement par la préfecture de Seine-Saint-Denis, au motif d'occupation illégale d'un terrain appartenant à l'État. Le jugement doit être rendu le 6 juillet.

Dans cette affaire, la position de l'État et de la préfecture est tout à la fois inhumaine, scandaleuse et même illégale.

À l'origine de l'histoire, il y a la situation désastreuse des Roms, la plupart de nationalité roumaine, qui ne trouvent à peu près nulle part où s'installer. Rares sont les municipalités qui ont mis des terrains viabilisés à leur disposition. Les Roms se trouvent expulsés de partout par les autorités et doivent le plus souvent se réfugier dans des endroits inadaptés et insalubres.

Le 23 mai dernier, un campement était détruit par un incendie dans un entrepôt d'une zone industrielle à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Un enfant de dix ans est mort, et les Roms qui vivaient là se sont, une fois de plus, retrouvés dehors et sans rien. Ils ont ensuite transité par un gymnase de la commune, puis tenté d'occuper un hangar à Gennevilliers. Après en avoir été empêchés par la police, ils n'avaient alors nulle part où aller.

Un terrain a été trouvé à Saint-Denis, en bordure d'une autoroute, terrain qui appartient à l'État. Médecins du Monde, qui s'occupait déjà du suivi médical de certains membres de la communauté rom, a décidé d'utiliser le matériel attribué lors des missions d'urgence internationales. On se trouvait en effet en plein département de la Seine-Saint-Denis, dans une situation d'urgence humanitaire !

Comme le dit le chef de la mission France de MdM : « On a quand même quarante gamins, onze nourrissons, des femmes qui sont enceintes, certains sont en rupture de soins parce que leur traitement a flambé, il n'y a pas d'autres solutions que de leur proposer ce dispositif. ». Et Médecins du Monde a installé quelques tentes dans ce « camp de déplacés ». Le lendemain MdM informait la mairie de Saint-Denis, laquelle conjointement demandait à la préfecture « la fin des expulsions sans solutions de relogement ». La réponse a été immédiate : c'est Médecins du Monde qui s'est trouvé assigné en référé pour occupation illégale d'un terrain de l'État !

Cette attitude parfaitement odieuse est conforme à ce qu'on peut attendre du gouvernement français et de sa politique anti-immigrés.

De plus, dans un communiqué, MdM fait observer que « les textes élaborés au niveau européen existent (...) et apportent des réponses adaptées et humaines pour les familles roms mais ils ne sont pas appliqués en France ».

Et oui, pendant que nos politiciens déplorent le triste sort des réfugiés du Darfour ou d'ailleurs, ils ne veulent même pas assurer l'accueil décent de quelques centaines de Roms, citoyens de l'Union européenne, et qui n'en sont pas moins chassés de partout.

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