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Crash d'un Airbus aux Comores : Des avions poubelles dangereux
152 personnes sont mortes au large des Comores dans l'accident d'un Airbus de la compagnie Yemenia, seule une jeune fille a survécu. Dès l'annonce de l'accident, les Franco-Comoriens ont crié leur colère devant les conditions criminelles de transport aérien qu'ils sont obligés de subir.
L'A 310 qui s'est écrasé avait été interdit de vol sur le territoire français en 2007 à cause de nombreuses irrégularités. Mais pas la compagnie yéménite à qui il appartenait. Pour échapper à l'interdiction, les passagers entre la France et les Comores changeaient d'appareil lors d'une escale à Saana, au Yemen. Et là, tous dénoncent les « avions cercueils » qui assurent la liaison avec les Comores, comme avec d'autres États d'Afrique ou d'Océanie. L'association SOS Voyages au Comores, créée à Marseille en 2008, avait déjà alerté les ministères français des Transports, des Affaires étrangères et de l'Intérieur sur les dangers des vols sur cette compagnie : « L'accident était prévisible, a déclaré son président. Les vols entre Sanaa et Moroni sont assurés par des compagnies poubelles, ils ne répondent pas aux normes. On prend les gens comme des bêtes. Il y a toujours des problèmes techniques. »
Aussitôt après l'accident, avant même d'en connaître les causes, le secrétaire d'État aux Transports Dominique Bussereau s'est empressé de dédouaner Airbus (dont c'est le deuxième avion qui s'écrase en un mois) ainsi que la compagnie Yemenia, rejetant la responsabilité sur le personnel ou les aléas climatiques : « Ce n'est pas Airbus qui est en cause. Une catastrophe aérienne, c'est un ensemble de choses, parfois des négligences, une erreur de pilotage ou de mauvaises conditions météo » ! Quant à la compagnie, « elle était éminemment surveillée », a-t-il ajouté, mais « elle ne faisait pas partie des listes noires des compagnies aériennes ». Il faut dire que le Yemen est un bon client pour Airbus, il faut croire que cela suffit pour qu'on jette un voile hypocrite sur le manque d'entretien de ses avions à destination des pays pauvres, pourvu que ceux qui relient Sanaa à la France répondent à des normes de sécurité plus strictes.
Si les Comoriens, nombreux à résider en France, sont obligés de voler sur des avions poubelles, c'est parce que les grandes compagnies, sensées être plus sûres, se détournent des lignes secondaires pas assez rentables pour elles, ou y pratiquent des tarifs prohibitifs, Air France la première. Et alors que les vols internationaux concernent par force de nombreux États, leurs gouvernements se gardent d'intervenir pour imposer aux compagnies aériennes, situées sur leur territoire ou dans un autre pays, de respecter les normes de sécurité maximales.
Une fois de plus, ce n'est pas la fatalité qui a tué les passagers de l'Airbus, mais la soif du profit.