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- Lutte ouvrière n°2135
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Leur société
Corbeil-Essonnes : Violence policière à la Cité des Tarterêts
Le soir même, 250 habitants du quartier, indignés, ont manifesté au commissariat de la ville pour demander des comptes. Près d'une trentaine de plaintes ont déjà été déposées au commissariat d'Évry, la ville voisine. La police jure qu'elle n'y est pour rien : selon elle, il s'agirait de l'interpellation d'un jeune, qui aurait mal tourné. Elle dit avoir tiré des grenades lacrymogènes pour se dégager de la foule qui la prenait à partie. Mais en voulant faire une démonstration de force lors d'une kermesse pacifique, en arrêtant un jeune qui n'avait rien à voir avec les faits qui lui étaient reprochés, la police a déclenché la colère des habitants du quartier. Tels sont les faits dont témoignent les militants associatifs, syndicalistes et communistes qui étaient présents à cette fête de quartier. « On nous a gazés comme des chiens » rapporte l'un d'eux, tandis que les hélicoptères survolent la cité depuis dimanche !
Ce n'est pas la première fois que la police est impliquée dans de telles brutalités à l'égard des habitants des Tarterêts. Dans ce quartier défavorisé s'entassent plus de 10 000 habitants, soit près d'un tiers de la population de la ville, en majorité des travailleurs immigrés. La cité cumule les handicaps : peu ou presque pas de transports en commun et de services publics. La pauvreté et la misère touchent une grande partie des familles, tandis que le chômage sévit parmi la jeunesse. La zone franche au pied de la cité n'a même pas permis d'embaucher des jeunes du quartier. Les patrons en ont profité pour s'y délocaliser en faisant venir le personnel d'ailleurs tout en bénéficiant des avantages fiscaux.
Aux Tarterêts comme ailleurs, les problèmes sociaux liés au chômage et à la misère engendrent la délinquance quotidienne qui empoisonne la vie des travailleurs. Mais dans cette cité, il n'y a pas que des délinquants, comme aimerait le faire croire la police qui quadrille le quartier et multiplie les contrôles au faciès, il y a des travailleurs, des salariés, des pauvres qui y survivent et qui s'entraident malgré les difficultés. Mais la seule réponse qu'apporte le gouvernement aux quartiers difficiles est à l'image de l'intervention de sa police : violence et mépris à l'égard de la population pauvre.