- Accueil
- Lutte ouvrière n°2135
- Après l'évacuation de la Bourse du Travail de Paris : Les sans-papiers doivent être régularisés !
Leur société
Après l'évacuation de la Bourse du Travail de Paris : Les sans-papiers doivent être régularisés !
Paradoxalement, cette occupation hostile aux syndicats a débuté en même temps que le mouvement de grève de centaines de travailleurs dans des dizaines d'entreprises d'Ile-de-France pour réclamer leur régularisation, grèves organisées avec des militants, principalement de la CGT. Ce mouvement a imposé au gouvernement la régularisation, même si pour certains c'est à titre provisoire, de 2 000 salariés et constitue un précédent qui se renouvellera certainement.
De son côté, en avril 2008, le CSP-75 avait collecté plus de 1 200 dossiers de salariés demandeurs de régularisation. Certains de ces travailleurs se sont engagés dans les grèves avec les syndicats, mais beaucoup d'autres, étant isolés dans leur entreprise ou sans justificatifs de leur travail, n'ont pas pu s'y joindre. À de nombreuses reprises, la CSP-75, appuyée par des syndicats, a tenté de déposer collectivement leurs dossiers. Mais systématiquement, la préfecture refusait de les examiner, disant : « Voyez avec la CGT, c'est elle qui négocie avec le ministère de l'Immigration. »
Croyant ainsi faire pression pour faire accepter leurs dossiers, des responsables de la CSP-75 ont décidé d'occuper de force les bureaux et les salles de la Bourse du Travail, malgré la désapprobation de tous les syndicats et de presque toutes les associations de défense des sans-papiers. L'occupation de locaux patronaux aurait été plus judicieuse, des militants CGT avaient même proposé de s'y associer, en vain.
La Bourse du Travail occupée est rapidement devenue un point de passage ou de séjour pour des centaines de sans-papiers africains. Hortefeux et son successeur Eric Besson ont volontairement laissé pourrir la situation. Ils n'ont régularisé, en 14 mois, que 126 travailleurs sur les 1 200 demandes. Ils n'étaient évidemment pas du tout mécontents de contribuer à détériorer les relations entre les syndicats et des sans-papiers.
L'occupation de la Bourse du Travail, qui empêchait l'utilisation normale de ses salles de réunion, était une impasse allant à l'encontre de l'intérêt et de la lutte des sans-papiers et a considérablement affaibli l'engagement des soutiens sur Paris. Reste que, huit jours après l'évacuation, environ deux cents sans-papiers continuent à rester, nuit et jour, sur le trottoir du boulevard du Temple devant la Bourse du Travail, avec des matelas et des couvertures.
Besson et le gouvernement ne peuvent plus se défausser de leurs responsabilités. Plusieurs rencontres viennent d'avoir lieu à la préfecture avec le CSP-75. Ces travailleurs doivent être régularisés, de toute urgence !