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Cameroun : Biya doit partir !
Au Cameroun, de violentes manifestations ont éclaté fin février, notamment à Douala, capitale économique et premier port du pays, et à Yaoundé, la capitale politique. D'autres grandes villes telles que Bafang, Bamenda, Kumba et Nkongsamba ont été touchées.
Les manifestants, en majorité des jeunes, ont été brutalement réprimés par la police et l'armée. L'opposition et les ONG parlent de plus d'une centaine de morts et de près de 2 000 arrestations. Aujourd'hui, l'armée quadrille les rues de Yaoundé et de Douala, tandis que la justice condamne à tour de bras les émeutiers arrêtés.
Tout a commencé le 23 février, lorsque les chauffeurs routiers et les transporteurs urbains ont fait grève pour protester contre l'augmentation du prix de l'essence. À peine le gouvernement avait-il tenté de désamorcer le conflit en annonçant une baisse de cinq à six francs CFA (1 centime d'euro), que la population descendait dans les rues pour à son tour protester contre la vie chère. Car au Cameroun, comme dans bien d'autres pays d'Afrique, la hausse des prix des produits de première nécessité a été vertigineuse ces derniers mois. La flambée des prix des produits comme le boeuf, le poisson, l'huile, le riz, le sucre, la farine et l'essence rend insupportable la vie quotidienne de la population pauvre. Même ceux qui gagnent un salaire n'arrivent plus à faire face à la hausse du coût de la vie. Et que dire de tous ceux qui n'ont pas de travail, que les syndicats évaluent à 70 % de la population active ?
Mais la vie chère n'est pas la seule cause de ces émeutes. Il y a également le projet de révision de la Constitution qui permettrait au dictateur Paul Biya, qui est déjà au pouvoir depuis vingt-cinq ans, de briguer un nouveau mandat en 2011. D'où les cris des manifestants mêlant des " Non à la vie chère " avec ceux de " Biya doit partir ". Biya accuse les manifestants d'être manipulés par l'opposition. Comme si la population n'avait pas d'yeux pour voir la richesse insolente d'une classe dirigeante corrompue s'étaler au grand jour, et ce depuis l'indépendance ? Comme si elle n'avait pas les moyens de comprendre que les principales ressources du pays sont accaparées par de grandes multinationales étrangères qui pillent le sous-sol et la forêt équatoriale, et qui sont responsables de la pauvreté.
À ce titre, on peut citer le français Bolloré, présent dans tous les domaines de l'économie camerounaise, de l'exploitation des grumes au transport maritime et ferroviaire, en passant par l'extraction de matières premières. Bolloré, qui a bâti sa fortune sur le pillage des richesses du continent africain, n'est autre que " l'ami personnel " de Sarkozy à qui il prête, de temps en temps, son yacht ou son avion privé !