Après le Sénégal fin 2007, le Cameroun et le Burkina Faso viennent de connaître des émeutes de la faim au mois de février. Et d'autres pays africains pourraient suivre car partout les prix des produits de première nécessité flambent, rendant impossible la vie quotidienne des populations.

Au Burkina Faso, des marches contre la vie chère se sont transformées en émeutes fin février. En une dizaine de jours, la vague de colère qui était partie de Bobo Diolasso, la deuxième ville du pays, s'est propagée aux autres grandes villes, comme Ouagadougou, la capitale, mais aussi Banfora et Ouahigouya. Quelques bâtiments gouvernementaux comme la douane ou la mairie de Bobo en ont fait les frais. Le 27 février, Ouagadougou était presque en état de siège. En faisant donner la troupe, le régime autoritaire de Blaise Compaoré n'a fait que renforcer l'unanimité de la population contre lui.

En fait, la colère de la population n'attendait qu'un prétexte pour exploser. Il est venu du gouvernement, qui a multiplié par trois ou quatre le montant des patentes et autres taxes imposées aux petits commerçants et à tous ceux qui se débrouillent en pratiquant de petits métiers. Mais le gouvernement n'est pas seul en cause. Les grands groupes capitalistes tels que Nestlé, Unilever et Danone, qui ont fait main basse sur les circuits alimentaires, sont également responsables de la hausse des prix actuels. Ces multinationales possèdent d'énormes quantités de nourriture dans leurs magasins de stockage. Elles n'hésitent pas à spéculer sur ces denrées et à provoquer ainsi des hausses de prix sur les étals des petits commerçants.

Tant qu'il en sera ainsi, les populations d'Afrique comme celles de tous les pays pauvres seront inévitablement poussées à la famine. Les émeutes de ces dernières semaines ne sont sûrement que les prémices d'une flambée plus générale en Afrique et dans d'autres pays du Tiers Monde.