Un système économique qu'il est urgent de remplacer23/01/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/01/une2060.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Un système économique qu'il est urgent de remplacer

Le système économique américain est malade. Celui des autres grandes puissances industrielles ne va guère mieux. Les cours des Bourses dégringolent. New York a reculé de 8,8 % depuis le début de l'année, Paris de 9,3 %, avant de perdre encore 5 % le 21 janvier à la mi-journée. Et malheureusement cela ne concerne pas que les actionnaires, qui ont accumulé suffisamment de profits au cours des années passées pour voir venir. Cela concerne aussi l'ensemble de la population laborieuse, car la récession économique qui s'annonce risque de signifier un nouveau recul du pouvoir d'achat, de nouvelles suppressions d'emplois et donc une aggravation du chômage. Si l'optimisme est de commande parmi les gens qui nous gouvernent, bien des hommes politiques et des économistes n'écartent pas la perspective d'une crise économique grave, comparable à celle qui avait frappé le monde capitaliste en 1929, et qui l'avait précipité vers la Deuxième Guerre mondiale.

La fatalité ? Certainement pas. C'est le produit du système économique dans lequel nous vivons. Depuis des années, les grands groupes capitalistes n'investissent que très peu dans la production. Ils augmentent leurs profits en faisant faire le même travail par moins de bras et de cerveaux, en réduisant les effectifs, en bloquant les salaires. Et pour placer les énormes bénéfices ainsi dégagés, banques et entreprises se prêtent mutuellement des fonds contre intérêts, pour acheter participations ou concurrents, un système tellement opaque qu'elles-mêmes ne s'y retrouvent pas.

La crise des crédits hypothécaires, qui est apparue au grand jour l'été dernier aux États-Unis, a été le révélateur de cette situation. Contrairement à ce qui se passait auparavant, les banques ne prêtent plus d'argent à celles qui ont des difficultés, faute de savoir si les banques qui leur demandent du crédit seront solvables. À la Bourse, les spéculateurs vendent les actions des entreprises dont ils pensent que la solidité est compromise par la crise financière en cours. Il n'y a que les banques centrales, celles des États et la Banque européenne, pour injecter dans les circuits des masses d'euros ou de dollars provenant de l'argent des impôts. Mais chacune de leurs interventions, comme le dernier plan Bush aux USA, en soulignant la gravité de la crise risque de l'aggraver. Et de toute manière, c'est à la population laborieuse qu'on présentera ensuite la note.

C'est cela, le système capitaliste à notre époque. Un système dont la droite nous dit qu'il est le meilleur du monde. Un système que les partis de gauche, Parti Socialiste et Parti Communiste, acceptent, en nous disant que le seul système économique possible est " l'économie de marché ", c'est-à-dire précisément le système capitaliste.

Or ce système ne peut pas se réformer, se " moraliser ". C'est sa logique même qui est en cause, la recherche du profit individuel comme moteur de toute la société.

Le mouvement ouvrier est né en contestant ce système, en se donnant pour objectif une société dont l'économie travaillerait à satisfaire les besoins de tous, et non à permettre à une petite minorité de privilégiés de s'enrichir sans cesse davantage sur le dos des travailleurs. Le socialisme, le communisme, cela signifiait l'appropriation par l'ensemble des travailleurs des grands moyens de production et de transport. Le Parti Socialiste, le Parti Communiste ont renoncé à cela, parce que leurs dirigeants se sont intégrés au système. Mais le problème reste entier.

Certains pensent que les idées qui étaient celles du mouvement ouvrier à sa naissance sont dépassées. C'est une manière de voir les choses... qui ne laisse aux travailleurs que leurs yeux pour pleurer devant les drames que le système capitaliste continuera d'entraîner.

Mais c'est le système capitaliste qui est dépassé. Et lutter pour le remplacer par une économie fonctionnant dans l'intérêt de tous nous coûterait moins de sacrifices que de continuer à le supporter.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprises du lundi 21 janvier 2008

Partager