Santé : Le bluff des médicaments "devant le comptoir"23/01/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/01/une2060.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Santé : Le bluff des médicaments "devant le comptoir"

Certains médicaments vendus sans ordonnance seront bientôt en libre-service dans les pharmacies. Et, sans honte, la ministre nous affirme que c'est pour faire baisser leur prix en faisant jouer la concurrence.

Jusqu'à présent, dans les pharmacies, les seuls produits accessibles aux clients sur les linéaires sont les produits de parapharmacie. Les médicaments, eux, doivent obligatoirement être inaccessibles et rangés derrière le comptoir. C'est la loi. Elle a pour but d'éviter l'achat de médicaments potentiellement dangereux sans l'avis, le " conseil " du pharmacien.

La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, propose que, dès le deuxième trimestre 2008, certains des médicaments délivrables sans ordonnance - et le plus souvent désormais non remboursés - soient placés " devant le comptoir ". Des antalgiques, des antitussifs, les veinotoniques ou encore des produits pour la digestion ou le sevrage tabagique seront donc alignés dans la pharmacie. On pourra comparer les prix et choisir avant de passer à la caisse. " La concurrence fera baisser les prix " promet la ministre. Le président du syndicat patronal des industriels de la pharmacie renchérit : " Les patients n'ont qu'à faire jouer la concurrence. ". Il ose même affirmer : " Rien ne les empêche [les patients] de faire plusieurs officines pour trouver le meilleur prix. " (!)

Certes, aujourd'hui, quand on demande au pharmacien un sirop ou de l'aspirine, c'est lui qui choisit celui qu'il nous délivre. Demain, on pourra au moins choisir le moins cher. Mais... à condition de pouvoir s'y retrouver, c'est-à-dire de connaître le nom des médicaments et des molécules qui les composent. Sans compter que même un simple sirop contre la toux ou un médicament contre la douleur ne sont pas dénués de contre-indications, d'effets secondaires, d'interactions éventuellement dangereuses avec d'autres médicaments et cette pression commerciale vers l'automédication ne va pas sans risques pour la santé.

Mais c'est aussi et surtout une véritable entourloupe ! Si les médicaments délivrés sans ordonnance sont aujourd'hui si chers, c'est parce que, depuis maintenant plus de 15 ans, les gouvernements successifs se sont acharnés à les dérembourser par vagues successives. Une fois déremboursés, leur prix est libre, fixé comme bon leur semble par le laboratoire et le pharmacien. Après avoir été déremboursés, certains veinotoniques, tel le Daflon, ont vu leur prix bondir de plus de 30 % entre 2007 et 2008, et celui de certains antitussifs, comme le Pneumorel, a plus que doublé !

Ce n'est pas en changeant la place des médicaments dans l'officine qu'on peut faire baisser le prix des médicaments mais en imposant aux trusts de la pharmacie - qui font des bénéfices exorbitants - des prix correspondant à la réalité de leurs coûts de production.

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