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Grande-Bretagne : Flambée des prix et austérité pour les salariés
L'année 2008 aura commencé en Grande-Bretagne par des augmentations de prix - dans le gaz et l'électricité. Preuve que la privatisation ne favorise pas les consommateurs, les entreprises privées qui se partagent le marché ont annoncé des hausses simultanées de 15 et 27 %, sous prétexte de hausse du pétrole... même si Npower, filiale du groupe anglo-allemand RWE, a reconnu non sans cynisme qu'elle achète le combustible de ses centrales dans le cadre de contrats à prix constant d'une durée de 3 à 5 ans.
Npower et sans doute nombre de ses rivales sont donc encore protégées de la hausse du pétrole, mais qu'importe, puisque le prétexte est là !
Sont venues ensuite les compagnies de chemin de fer, avec des hausses de 10-15 %. Comble d'ironie, au moment même où elles annonçaient ces hausses, le trafic a brutalement été interrompu pendant quatre jours par un retard de travaux sur un tiers de la ligne la plus chargée du pays (Londres-Manchester-Glasgow) ! Vu les retards constants des trains et les tarifs, déjà les plus élevés d'Europe, cela n'amuse pas les usagers !
Les hausses affectent aussi des produits de première nécessité. Les oeufs ont augmenté de 21 %, le beurre de 23 %, le cheddar (le fromage le plus consommé) de 16 %. Là, ce n'est pas le pétrole mais la hausse du prix des aliments pour animaux. Rien à voir avec le quasi-monopole d'une demi-douzaine de groupes alimentaires et de trois chaînes de supermarchés, bien sûr !
Puis vient l'immobilier. Si la hausse des prix de ces dernières années - plus importante même qu'aux USA - a apparemment atteint un palier, les loyers et les traites continuent à augmenter. Car, si la Banque d'Angleterre a réduit son taux de base, les prêteurs ont augmenté le leur et la quasi-totalité des prêts sont à taux variable.
Quant aux recours, si l'on peut dire, des salariés face aux impayés - emprunt sur carte de crédit ou sur le logement, pour les accédants à la propriété - ils sont de moins en moins possibles, les banques se montrant plus exigeantes. Comme quoi, être pauvre revient de plus en plus cher, ce qui est quand même un comble ! Du coup, les faillites personnelles augmentent en flèche.
Le premier ministre Brown a anticipé cette situation en disant dans son discours de rentrée que le pays entrait dans une " année dangereuse ". Pour une fois, il ne parlait pas de terrorisme, mais d'inflation, qui pourrait être, selon lui, aggravée par des hausses de salaires " inconsidérées ". Les travailleurs des services publics et d'État devront donc se satisfaire de 2 % (comme l'an dernier d'ailleurs, sauf à la poste où il y a eu des grèves), c'est-à-dire la moitié de l'inflation officielle, sans parler de l'inflation réelle subie par les travailleurs.
Quant au gouvernement, il se frotte les mains à l'idée du supplément de revenu sur la TVA et la taxe pétrolière (sur le 1,4 euro du litre d'essence, les 2/3 vont à l'État). Les députés, eux, vont se voter une rallonge de 10 % sur trois ans, sur des salaires pourtant plus que confortables, à 18 700 euros par mois, frais de représentation inclus. Et rien n'indique que la hausse des profits patronaux, dans la fourchette des 15-30 % l'an dernier, soit près de s'effondrer.
C'est donc au monde du travail et à lui seul qu'il faudrait payer. À moins que l'on ne voie les travailleurs britanniques retourner la facture à la bourgeoisie et à ses fondés de pouvoir travaillistes.