ArcelorMittal - Gandrange (Moselle) : Annonce de dividendes records... et de centaines de suppressions d'emplois23/01/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/01/une2060.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

ArcelorMittal - Gandrange (Moselle) : Annonce de dividendes records... et de centaines de suppressions d'emplois

Le groupe ArcelorMittal va distribuer 1,6 milliard d'euros de dividendes cette année aux actionnaires du groupe. Le plus gros, la famille Mittal, va empocher 637,4 millions. De quoi arrondir sa fortune, la cinquième de la planète, dont le montant est estimé à 21,8 milliards.

Voilà le groupe qui ose annoncer la fermeture de l'aciérie et d'un train de laminoir dans l'usine de Gandrange en Moselle. Plus de 600 emplois directs, sur le millier de travailleurs de l'usine, et plusieurs centaines d'emplois indirects devraient passer à la trappe. Autant dire que la colère est grande chez les travailleurs de Gandrange et la population des environs.

Jeudi 17, le travail a cessé pour 24 heures à l'usine à l'appel de l'intersyndicale et un meeting a rassemblé plus de 1 000 personnes à la salle des fêtes de Gandrange. Tous les élus du secteur étaient présents, surtout ceux de gauche, car la fermeture annoncée serait un drame pour la région. Des retraités, des militants syndicaux et des travailleurs d'autres usines sidérurgiques étaient également présents. Plusieurs ont dénoncé les reclassements promis à ceux de Gandrange par ArcelorMittal, alors que des plans de suppression d'emplois sont toujours en cours dans d'autres usines lorraines ou luxembourgeoises.

Un ancien directeur du site, qui n'a rien d'un gauchiste ni même d'un défenseur des travailleurs, s'est taillé un franc succès quand il a expliqué que l'usine était tout à fait rentable et que la fermeture était une stupidité. Stupidité ? Non, plutôt choix délibéré d'ArcelorMittal de concentrer la production sur certains sites, quitte à ruiner d'autres régions industrielles. Depuis les De Wendel, la Lorraine a l'habitude de ces grands patrons qui se moquent des usines et des emplois comme de leur premier million.

Tous les élus sont à l'unisson pour demander le " gel " des décisions d'ArcelorMittal. Les élus de droite de Moselle - et ils sont nombreux - demandent au gouvernement d'intervenir. C'est pour le moins cocasse, de la part de ceux qui ont privatisé la sidérurgie après le retour au pouvoir de la droite en 1995. Rappelons que, sous prétexte de pertes, la sidérurgie avait été reprise par l'État à la fin des années 1970 pour être nationalisée par la gauche en 1982. Sous la nationalisation, des dizaines de milliers d'emplois avaient encore été supprimés et les usines restantes - dont celle de Gandrange - modernisées. Une usine qui n'a vraiment pas coûté cher à Mittal, qui l'a rachetée pour 0,15 euro, le franc symbolique d'antan.

Quant aux " pertes " annoncées de 36 millions par la direction pour justifier la fermeture de Gandrange, c'est un habillage. Par exemple, rien que le choix de quitter EDF pour le privé a fait perdre à l'usine 40 millions en deux ans. Une fortune qui a atterri dans la poche des fournisseurs privés d'électricité. C'est dire que la seule manière sérieuse de pouvoir juger de la réalité des comptes serait d'avoir accès à l'ensemble de la comptabilité de l'entreprise au fil des jours.

De même, la direction pleurniche sur l'augmentation du prix de la ferraille qui alimente l'aciérie électrique. Mais qui contrôle ce marché ? Ce qui est sûr, c'est qu'ArcelorMittal est un des premiers producteurs de minerai de fer au monde et qu'il tire bénéfice, en tant que tel, de l'explosion du prix des matières premières.

Tout cela explique que le sentiment général des travailleurs est que l'argent qu'ArcelorMittal se plaint de perdre à Gandrange est en fait perdu... dans sa propre poche. Une manifestation est prévue par l'intersyndicale, ce jeudi 24 janvier, devant le siège mondial d'ArcelorMittal au paradis fiscal voisin, le Luxembourg. Les travailleurs sont bien décidés à ne pas accepter une fermeture qui n'a d'autre but que d'enrichir des actionnaires déjà obèses de bénéfices.

Partager