Allemagne : Nokia licencie, après avoir encaissé toutes les aides possibles23/01/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/01/une2060.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Nokia licencie, après avoir encaissé toutes les aides possibles

Nokia a annoncé, le 15 janvier, qu'il allait fermer, d'ici la fin du premier semestre 2008, son usine de Bochum, dans la Ruhr. Cela signifie jeter sur le pavé plus de 4 000 travailleurs (2 300 en CDI, 1 000 en intérim et 1 000 chez les sous-traitants). Dès le 21 janvier des centaines d'intérimaires ont été renvoyés. Mais sans aucune gêne le trust voulait faire tourner l'usine le dimanche 20, ce que le Conseil d'entreprise a tout de même refusé.

Nokia irait-il mal ? Pas du tout. C'est le premier fabricant de téléphones portables au monde. Il a affiché pour 2006 un bénéfice de 1,7 milliard d'euros. Et tous les économistes s'attendent à ce que son bénéfice 2007 qui sera publié le 24 janvier atteigne un nouveau record. " Les coûts de production sont trop élevés en Allemagne ", prétend la direction. C'est un mensonge éhonté. Pour la quatrième année consécutive, l'Allemagne a été en 2007 la championne du monde des exportations, autant dire quelle est " compétitive " sur le marché mondial. Quant aux salaires, ils ne représentent que 5 % des coûts totaux de production de l'usine.

En réalité, Nokia avait encaissé plus de 80 millions d'euros de subventions diverses pour s'implanter à Bochum en 1988. Quelques années plus tard, il s'est mis en chasse de nouvelles " aides ". Selon le quotidien WAZ, il aurait reçu, l'an passé, 33 millions d'euros de l'Union européenne pour s'installer en 2008 à Cluj, en Roumanie, où une partie de la production sera délocalisée. Cette affaire est révélatrice du scandale que représente, en Allemagne comme en France, les subventions à l'industrie. Des sommes considérables sont puisées sur les fonds publics pour aider le grand patronat, sans aucune garantie pour l'emploi. L'institut IfW de Kiel estime ainsi à 145 milliards d'euros le montant annuel des subventions allouées par les caisses publiques (État fédéral, Länder et communes) pour attirer des investisseurs.

L'annonce de la fermeture de Nokia a suscité une profonde émotion car elle représente une véritable catastrophe pour la région de Bochum, où Opel a déjà licencié plusieurs milliers de travailleurs en 2004, sans compter que de nouvelles menaces planent sur l'avenir de l'usine automobile.

Les politiciens de droite comme de gauche, après avoir voté les subventions au trust de la téléphonie, proposent maintenant... de boycotter Nokia. Quant à l'IG Metall, le syndicat de la métallurgie, il propose de défendre l'emploi en étant prêt à " renégocier " les conditions de travail et les salaires.

Face aux requins du capitalisme, les travailleurs ne peuvent compter que sur leur colère. La manifestation de solidarité organisée à Bochum le 22 janvier, qui a rassemblé, autour des salariés de Nokia, près de 15 000 personnes, dont de nombreux travailleurs d'Opel et de Thyssen-Krupp qui avaient débrayé pour l'occasion, peut être une première étape de la mobilisation nécessaire.

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