Aker Yards : Cachez ces accidents que je ne saurais voir23/01/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/01/une2060.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Aker Yards : Cachez ces accidents que je ne saurais voir

Aux chantiers navals Aker Yards comme dans d'autres entreprises, les conditions de travail se dégradent. C'est pourtant toute la hiérarchie, du PDG jusqu'aux chefs d'ateliers les plus zélés, qui la main sur le coeur nous expliquent qu'il est important de baisser le nombre d'accidents du travail.

Il ne faut pas travailler longtemps aux Chantiers pour constater le cynisme de ces déclarations car si leur slogan est " zéro accident " les travailleurs peuvent vérifier tous les jours que leur objectif est plutôt " zéro déclaration d'accident ".

Nous en avons eu un exemple particulièrement choquant récemment dans un atelier des Chantiers. Une soudeuse a passé son pied au travers d'un trou dans une nappe de tôle. La douleur étant forte, elle a été amenée à l'infirmerie où le médecin du travail, après examen, lui a demandé de retourner à l'atelier et d'attendre sur place l'évolution de sa blessure !

La collègue, de retour à l'atelier et voyant sa douleur augmenter, décida finalement de rentrer chez elle. C'est par ses propres moyens, aidée de sa famille, qu'elle a dû se rendre à l'hôpital où le verdict fut sans appel : double fracture du pied !

Même si le médecin du travail porte sa responsabilité dans cette histoire, il n'est qu'un des maillons d'une politique du patron visant à réduire ses cotisations à la Sécurité sociale. Celles-ci sont en effet directement liées au nombre d'accidents du travail qu'il aura déclaré et toutes les pressions sont bonnes pour que les chiffres baissent.

De nombreux travailleurs se voient tous les jours reprocher leur passage à l'infirmerie pour des coupures, des corps étrangers dans l'oeil et on leur dit que cela pèse dans leur augmentation individuelle. Les responsables d'ateliers n'hésitent pas à téléphoner chez un salarié arrêté en accident, pour demander s'il lui est possible de revenir travailler en " poste doux ". Des chefs d'atelier nous ont même assuré que s'il y avait des aggravations dues à notre retour au travail, nous serions remis en " accident du travail ". Nous voilà rassurés !

Dans le même temps, la sécurité collective (aspirations de fumées de soudure, échafaudages, lumière à bord, etc.) est plus que jamais négligée et on demande aux salariés d'effectuer des travaux dans des conditions que tout le monde sait dangereuses.

Depuis quelques semaines, de nombreux débrayages se font à la fois pour des primes, les salaires, et pour s'opposer aux pressions du patron sur les arrêts de travail. Nul doute que face au cynisme de la direction, il faudra nous aussi continuer à mettre la pression et hausser le ton.

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