Rachat d'actions par les entreprises : Quand la finance se mord la queue19/12/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/12/une2055.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Rachat d'actions par les entreprises : Quand la finance se mord la queue

Standard et Poor's, respectable organisme de cotation boursière, vient de calculer que, depuis trois ans, les grandes sociétés américaines ont dépensé 1318 milliards de dollars pour racheter leurs propres actions, alors qu'elles n'avaient consacré que 1 276 milliards de dollars aux investissements. Standard et Poor's, pourtant peu suspect de gauchisme, note également que le montant annuel de ces rachats d'actions dépasse en 2007 le budget total de l'assurance médicale aux États-Unis.

La plupart des grandes entreprises cotées en bourse opèrent ce genre de rachat, car elles affrontent un angoissant problème : que faire des bénéfices qui augmentent sans cesse ? Dans certaines conditions il y a mieux à faire, et plus rentable, que de tout distribuer directement aux actionnaires. En rachetant et en détruisant une partie de ses actions, un groupe diminue le nombre total de ses actionnaires et donc augmente la part qu'il verse à chacun. De plus, aux États-Unis, le rachat d'actions est moins imposé que la distribution de dividendes, ce qui rentabilise les opérations de rachat.

En France la loi a été modifiée en 1998 pour rendre les rachats d'actions plus faciles. Dans tous les cas, l'augmentation du dividende versé est censée rendre l'action plus " attractive " et donc faire monter son cours. Dans l'affaire, la fortune des actionnaires aura augmenté sans qu'aucune richesse nouvelle ne soit créée. Au contraire même, le peu d'argent consacré aux investissements productifs implique plutôt le contraire.

Cela n'empêchera pas les admirateurs du capital, intéressés ou pas, de confondre l'augmentation de la richesse des capitalistes avec l'augmentation de la richesse de la société. Alors que, depuis des années, l'une est en raison inverse de l'autre.

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