Pour empêcher la catastrophe qu'ils nous préparent19/12/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/12/une2055.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Pour empêcher la catastrophe qu'ils nous préparent

De Conforama à Marionnaud, en passant par Fabio Lucci, plusieurs grèves dans le secteur privé montrent que les salariés n'en peuvent plus de l'insuffisance de leurs salaires. Il en est de même pour les salariés de la Fonction publique dont les syndicats, en négociation salariale avec le gouvernement, dénoncent un recul d'au moins 6 % du pouvoir d'achat sur quelques années. Qu'ils soient du privé ou du public, tous les travailleurs subissent, avec l'accélération des hausses de prix, un véritable écroulement de leur pouvoir d'achat. Pour les bas salaires, pour ceux qui sont payés au smic et, à plus forte raison, pour ceux qui, précaires, ne touchent même pas le salaire minimum, la situation devient catastrophique.

Pendant les jours qui viennent, entre la réception des dirigeants syndicaux par Sarkozy et les débats consacrés au pouvoir d'achat à l'Assemblée nationale, on va nous gorger de mots, avec des mesures ridicules comme le rachat des jours de RTT - alors que deux tiers des salariés n'en ont même pas - ou la réduction du dépôt de garantie pour un logement de deux mensualités à une seule ! Une mesure dérisoire que les bailleurs n'appliqueront pas et qui ne changera rien au fait que le loyer d'un logement digne de ce nom n'est pas à la portée d'un salaire moyen.

Avec le retour du grand froid, la presse reparle des sans-domicile. Un tiers d'entre eux travaillent pourtant mais leur salaire ne suffit pas pour payer un loyer.

Et combien de salariés ne sont logés que parce qu'ils le sont par des parents, des amis ? Combien dorment dans des abris de fortune, quand ce n'est pas dans leur voiture ? Et à ceux qui protestent contre cette situation scandaleuse, le gouvernement fait donner la matraque des CRS !

Parmi les travailleurs qui ont de plus en plus de mal à payer leur logement, à assurer même simplement la nourriture quotidienne, qui pourrait être certain de ne pas être réduit à la situation des sans-domicile ? Ce sont les salariés les plus mal payés et les chômeurs qui tombent dans la misère, mais c'est toute la classe ouvrière qui y est poussée.

Les causes en sont simples. La lutte entre le patronat qui cherche par tous les moyens à payer la force de travail en dessous de sa valeur, et les salariés qui se défendent, est aussi ancienne que le capitalisme lui-même. Mais, depuis plusieurs années, le patronat, aidé par tous les gouvernements, mène une offensive générale contre le monde du travail. La hausse des profits des entreprises vient de l'écrasement du pouvoir d'achat des salaires. Et l'État, de son côté, abaisse le pouvoir d'achat des travailleurs des services publics et réduit leurs effectifs pour pouvoir consacrer toujours plus d'argent à aider le patronat.

Mais on ne pourra pas continuer indéfiniment comme cela. Les travailleurs n'accepteront pas d'être poussés vers la misère pour que les profits augmentent. Et on ne pourra pas dissimuler avec des mensonges ministériels l'aggravation des inégalités entre une minorité de riches qui ne savent que faire de leur argent et la majorité de la population travailleuse qui a de plus en plus de mal à survivre.

Personne ne peut prédire quand se produira l'explosion sociale. Mais le grand patronat et les dirigeants politiques font tout pour la rendre inévitable. Il n'y a pas d'autre moyen pour empêcher le patronat et ses laquais politiques de porter des coups à ceux dont le travail les enrichit !

Lorsque cette explosion se produira, il faudra mettre en tête des revendications le contrôle des entreprises par la population travailleuse. Ce qui signifie contrôler leurs comptes, au jour le jour, pour vérifier d'où vient l'argent et où il va, pour savoir ce que les patrons préparent et rendre tout cela public devant la population. Seul ce contrôle permettra d'empêcher que les groupes industriels, même si la lutte des travailleurs les contraint à augmenter tous les salaires et à les augmenter vraiment, ne récupèrent d'une main ce qu'ils auront dû lâcher de l'autre.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 17 décembre

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