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Leur société
Police contre sans-abri
Comme chaque hiver, les températures sont tombées en dessous de zéro. Comme à chaque fois, on a vu réapparaître sur les écrans la situation indigne des sans-abri. En plus, cette fois, on a pu voir la police à l'oeuvre pour les déloger et tenter de les rendre invisibles.
Il y a tout juste un an, le 16 décembre 2006, avec les Enfants de Don Quichotte, les sans-abri dressaient une centaine de tentes igloos sur les berges du canal Saint-Martin à Paris pour s'abriter et aussi pour lancer l'alarme sur leur situation. Trois semaines plus tard, Jean-Louis Borloo promettait de créer 27 000 places d'hébergement durable pour les sans-logis. On était en pleine campagne électorale pour la Présidentielle, la crise était désamorcée avec l'apparente commisération des pouvoirs publics. Puis le temps a passé et les promesses électorales se sont envolées. Les associations affirment qu'à peine la moitié de ces places ont été créées. Quant à la misère, elle a augmenté. Et ce n'est pas près de s'arranger.
Un an plus tard, ce 16 décembre 2007, sans-abri et Enfants de Don Quichotte ont donc tenté de renouveler l'opération. Pour rappeler les promesses non tenues, ils ont installé 250 tentes aux abords de Notre-Dame et sur les berges de la Seine. Cette fois, la crise a été désamorcée à coups de bâton et de gaz lacrymogène. Tentes, sans-abri et militants ont été évacués sans ménagement, quitte à faire tomber l'un d'entre eux à la Seine. Pour le gouvernement il n'était pas question de laisser s'installer des tentes de pauvres, à l'heure des décorations de Noël, dans une des vitrines touristiques de Paris.
Christine Boutin, ministre du Logement, et qui devrait donc répondre au problème des sans-abri, a tout simplement accusé les " Don Quichotte " de se servir d'eux abusivement. À l'entendre il n'y a pas de problème réel : " S'il y a une personne qui veut être hébergée, qu'elle téléphone au 115 et elle sera hébergée " a-t-elle déclaré, alors que ce numéro est débordé ou n'offre que des solutions indignes, auxquelles bien des sans-abri préfèrent encore les encoignures de porte ou les toiles de tente.
Et puis, il y a les bobards en forme de promesses, telles celles qui viennent d'être faites par le Premier ministre Fillon, de " rédiger d'ici le 15 janvier prochain une sorte de contrat entre les associations et le gouvernement avec des objectifs précis de résultats " et pour cela... " de nommer un parlementaire en mission ".
S'il n'y a pas une mobilisation pour imposer à l'État la construction des centaines de milliers de logements sociaux nécessaires, le 16 décembre 2008, ou même avant, les villages de tentes refleuriront au coeur des villes.