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Fonctionnaires et salariés du privé : Il faut augmenter tous les salaires
Eric Woerth, le ministre du Budget, persiste dans son refus d'accorder une augmentation générale des salaires des fonctionnaires. Disant vouloir garantir leur pouvoir d'achat (car, pour lui, il est hors de question de l'augmenter), il a proposé aux syndicats qu'il recevait lundi 17 décembre un " mécanisme novateur " qu'il souhaite " installer dans le paysage " !
Les fonctionnaires, pour leur part, préféreraient une hausse de leurs revenus " installée dans leur portefeuille ", car ils ont calculé qu'ils avaient perdu 6 % de leur pouvoir d'achat ces dernières années. Et si le ministre conteste ce chiffre en affirmant qu'une partie d'entre eux ont eu une hausse des salaires supérieure à l'inflation, du fait d'un changement d'échelon ou d'heures supplémentaires effectuées, il a été obligé d'admettre que la baisse des revenus était bien réelle pour 24 % des agents de la fonction publique.
Woerth propose donc de n'augmenter que ces derniers, ce qui aurait l'avantage de ne coûter qu'environ 300 millions d'euros à l'État au lieu des cinq à six milliards nécessaires pour revaloriser les salaires de tous les fonctionnaires. Et pour les autres, les solutions qu'il avance sont le rachat de jours de RTT, les heures supplémentaires, l'intéressement aux résultats et la reconnaissance au mérite.
La première solution exclut déjà tous les enseignants, qui n'ont jamais bénéficié de cette RTT. Et dans la fonction publique hospitalière, le ministère de la Santé lui-même évalue à 3,5 millions le nombre de jours de RTT non pris à la fin 2007, et à 23 millions les heures supplémentaires qui n'ont été ni payées, ni récupérées, ni mises sur un compte épargne temps. Il s'agit là d'un travail réellement effectué que l'administration n'a jamais payé ; si l'État paie ses dettes, cela sera-il considéré comme une hausse des salaires ? Et que peuvent signifier l'intéressement aux résultats et la reconnaissance au mérite dans la fonction publique ? Les policiers verront-ils leur salaire augmenter en fonction du nombre d'arrestations effectuées, justifiées ou non ? Et dans les hôpitaux, si l'on se base par exemple sur le taux de survie des malades, le personnel soignant des services de gériatrie toucherait-il moins que celui des maternités ? Ce critère de " résultats " est en fait parfaitement arbitraire.
Face aux propositions en trompe-l'oeil du gouvernement, les fonctionnaires réclament une revalorisation du point d'indice, qui sert de base au calcul des salaires, pour permettre à tous de bénéficier d'une augmentation salariale. Ils ont fait grève pour cela le 20 novembre dernier et répondront certainement encore présents le 24 janvier, lors de la nouvelle journée que les syndicats viennent d'annoncer ; en espérant que, cette fois, ce ne soit pas une journée sans lendemain et qu'ils fassent reculer le gouvernement.