- Accueil
- Lutte ouvrière n°2055
- Bourses vacillantes, crise des liquidités, crise monétaire : C'est le système capitaliste qui a fait son temps
Leur société
Bourses vacillantes, crise des liquidités, crise monétaire : C'est le système capitaliste qui a fait son temps
On assiste ces jours-ci à un redoublement de panique dans les grandes institutions économiques et financières. Les banques centrales, celles qui assurent avec les fonds publics des États, aux États-Unis, en Europe, en Grande-Bretagne, en Suisse et au Japon, l'émission de monnaie et l'accompagnement de leurs propres banques, viennent de mettre le 18 décembre des centaines de milliards d'euros d'argent liquide à disposition de leurs banques respectives, à des taux de prêt inférieurs à ceux du marché. La seule Banque centrale européenne, la BCE, vient d'annoncer la mise à disposition de 350 milliards d'euros pour les banques européennes, en annonçant d'avance que ce n'était qu'une base et que cette ouverture de crédit en faveur des banques était d'un montant illimité.
La crise financière, qui est la conséquence directe de l'effondrement des prêts hypothécaires américains, n'en finit donc pas de mettre à mal l'ensemble du système financier mondial. Les banques n'ont plus confiance entre elles et refusent de se prêter de l'argent, ce qui est pourtant la base de leur activité. Du coup le système financier international, et l'ensemble des échanges qu'il génère, est menacé d'asphyxie, de paralysie, au cas où cette crise de confiance se généraliserait et où tous ceux qui ont déposé leur argent dans les banques en réclameraient le remboursement.
Depuis le mois d'août de cette année on a assisté à une série de tensions sur les marchés financiers, et sur les différentes Bourses à travers le monde, qui ne font, pour l'essentiel, que suivre les fluctuations de la Bourse de New York. Mais il faut dire qu'il y a bien des années que les Bourses, dont l'activité théorique est l'échange des actions, sont devenues le haut lieu de la spéculation en général, et financière en particulier. La Bourse de Paris a ainsi connu un repli général, le plus important depuis 2002.
Pour éviter la panique les gouvernants essayent de rassurer comme ils peuvent les bourgeois petits et moyens, mais ils craignent en fait une crise généralisée.
Cela fait des dizaines d'années, en fait depuis le milieu des années 1970, que l'ensemble du système capitaliste mondial est en crise, ouverte ou larvée. La base du profit pour les capitalistes est et reste l'exploitation du travail humain dans le cadre du cycle de production des marchandises. Mais encore faut-il que celles-ci se vendent à un prix assez élevé pour rapporter le profit attendu par les actionnaires. Or depuis des années les capitalistes trouvent que la part de profit sur la production est trop faible et ils préfèrent placer la plus grande part de leurs bénéfices sur les marchés financiers, donnant à ceux-ci une ampleur gigantesque et les rendant totalement incontrôlables.
L'effondrement du marché immobilier américain est le dernier avatar en date dans cette chaîne d'évolutions. Mais la crise de confiance qu'il révèle va bien au-delà et peut très bien aboutir à une explosion de tout le système économique mondial. Car celui-ci repose justement sur la confiance forcée dans les échanges entre tous les produits financiers, monétaires et autres, qui circulent chaque jour à travers la planète. Si le système se grippe gravement, ce sont tous les échanges qui peuvent s'arrêter et le monde pourrait rentrer dans la plus grande crise économique de son histoire, auprès de laquelle la crise de 1929 apparaîtrait bien peu de chose. C'est tout le système économique, basé sur le profit, qui est pourri jusqu'à la moelle. Il ne peut être réformé, et il faut le changer en urgence.